Aleksandra se mordillait la lèvre. Cela faisait quelques temps qu’elle n’avait pas vu Alexei et avant de partir en Angleterre elle avait tenu à le voir, n’ayant aucune idée  quand est-ce qu’elle allait rentrer car la mission des sphinx était de grande envergure.  Après tout ils avaient été les meilleurs amis du monde, pourquoi ne pourraient-ils pas mettre toute cette animosité derrière et se redonner une chance ? Ils étaient debout, se faisant face, la lumière des flammes de la cheminée caressant les traits de leurs visages. Malmenant sa bague qu’elle avait obtenu en rentrant chez les sphinx, la jeune blonde était assez gênée. « Tu sais, je suis désolée pour tous, je t’ai mal jugée et je suis consciente que tous cela a en quelque sorte affecté notre amitié. » Esquissant un sourire timide, la jeune femme plongea ses prunelles dans celle du beau brun. « Ne t’inquiètes pas Aleksandra, je ne t’en veux pas. » Soupirant, la jeune femme fut un peu soulagée qu’il puisse la pardonner, elle l’avait détesté, pris pour quelqu’un qu’il n’était pas. Elle sentit le contact d’une main qui s’était posée sur la sienne, la sortant de ses pensées. « Tu te souviens, enfants, on faisait les quatre cent coups. » dit-elle en riant légèrement. Alexei se contenta de hocher la tête en plissant les yeux. « Et je me souviens parfaitement d’une chose… » laissant sa phrase en suspend, il éveilla la curiosité de la jolie blonde. Que voulait-il dire ? « Que tu étais réceptive à ce genre de geste. » Le jeune homme se jeta sur elle, tandis qu’Alekandra tentait de se débattre en vain, ne cessant de rire. Elle parvint à se dégager de son étreinte pendant un bref instant, tandis qu’elle tenait sa robe qui traînait à terre pour pouvoir courir plus vite. Il était vrai que la jeune blonde était sensible aux chatouilles et n’aimait guère cela. Seulement le jeune homme était plus rapide, et finit par l’attraper par le bras pour la ramener contre lui. Sa main était posée contre son torse tandis que ses yeux bleus le fixait. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas été aussi proche de lui, sentant son souffle caresser son menton. Ils restèrent ainsi à se regarder jusqu’à que leurs lèvres finissent par s’entrechoquer avec fougue. Le dos de la jeune blonde heurta le mur tandis que ces lèvres étaient malmenées et que son corps était sous l’emprise des mains expertes d’Alexei.

« Aleksandra, Aleksandra ! » La jeune interpellée fit volte-face en entendant sa voix. Mikhail était tout essoufflé après avoir couru après elle. La jeune blonde remarquait qu'il y avait un journal entre ces mains. Qu'avait-il de si important ? « Il faut que tu saches, Alexei est mort lors d'une attaque des Anglais » Il gardait précieusement le journal contre sa poitrine avant de le tendre à la jeune femme.  Elle n’arrivait toujours pas à réaliser. Elle n’avait pas répondu à son jeune ami, non, les mots n’ont pas trouvés le passage, ils sont restés coincés au fond de sa gorge, comme épuisés, la force de parler l’ayant quittée. Voulant voir cet article de ces yeux, elle put constater que ce qu'il disait n'était que pure vérité. Elle dissimula ses émotions, comme elle savait si bien le faire, elle était maîtresse dans cet art, après tout elle était une des meilleures sphinx. Personne ne savait que la jeune femme le connaissait et puis leur rencontre remontait et il s'était perdu de vue. Seulement, la jeune Aleksandra ne pouvait pas rester de marbre face  cette annonce. Elle savait qu'elle allait vivre pour toujours avec le visage d'Alexei imprimé dans sa mémoire, qu'elle devait caché afin que personne n'y entre. «Merci Mikhail, il va falloir être de plus en plus efficace, je crains que cela ne présage rien de bon, mais il faut espérer. » La guerre allait montrer le bout de son nez et il allait falloir se battre pour le bien de Durmstrang.

« Voici comment on juge les traîtres ! » Le bûcher s’enflamma aussitôt que la torche l’a frôlé, le liquide inflammable ayant attisé les flammes avides de chair. La purge venait de démarrer et son massacre aussi par la même occasion. Thea retenait ses larmes, de peur de se trahir mais la douleur était intense, presque elle pouvait sentir les flammes effleurer sa peau, la faire fondre et dégager une odeur âcre, qui occupait l’air environnant. Ses parents étaient en train d’agoniser, elle ne pouvait rien faire, il était déjà trop tard. Les cendres brûlaient ces yeux, tandis que le spectacle était fini. Le bourreau et les sorciers présents, ravis par cette démonstration partaient, la jeune russe leur emboîta le pas, malgré elle, Aleksandra savait qu’elle ne pourra jamais faire complètement le deuil, leur donner une tombe où ils pourrait reposer . Elle ne pouvait pas s’exposer alors qu’ils jubilaient, elle devait faire face à ses émotions et les taire. Parce que c’était la première chose qu’on lui avait apprise lorsqu’elle était entrée chez les Sphinx, aucune émotion ne devait passer la barrière de ce regard. Ce brasier était ancré dans sa rétine, dans son esprit, aussi bien que lorsqu’elle fermait les yeux, elle voyait le regard de ses parents sur elle, qui se voulait rassurant mais ampli d’une douleur inqualifiable. Ses parents avaient été dénoncés par leur voisin et le procès ainsi que les preuves s’enchaînèrent, jusqu’à cette heure fatidique. Jamais elle ne pourrait pardonner cela, elle savait qu’elle devait se battre même si la guerre était finie, pour elle ce n’était qu’une transition quelque chose allait se préparer elle en était sûre et là, elle pensera à ses parents à Durmstrang.



Un soupir, un visage qui apparaît clairement. Un homme aux grand yeux bleus, la dévore du regard tandis que ses mains s’emparent des hanches de la jeune blonde.  Ses lèvres se scellèrent aux siennes tandis que le feu d’une cheminée crépite. Elle peut ressentir ses émotions, sentir la fougue s’insinuer tel un poison ardent la consumer. Puis plus rien. Thea se réveilla en sueur, et en sursaut. Elle regardait ses mains et inspecta sa chambre à la recherche de celui qui avait hanté son rêve. C’était pourtant très réel, elle n’était pas folle. Dans son rêve il avait prononcé le prénom Aleksandra et avait un accent nordique, très éloigné du sien. Cela n’était pas la première fois qu’elle faisait des rêves comme cela, où elle apparaissait en robe d’époque du dix-septième siècle. Dès la mort de sa mère, elle rêvait d’une enfant qui lui ressemblait, menant une autre vie, toujours avec ce même prénom Alexandra et cette ressemblance fragrante. Mais tout était encore très flou, des bribes lui parvenaient, elle n’arrivait jamais au bout de ses rêves comme si quelque chose l’en empêchait, ne voulant pas qu’elle découvre tout de suite. Découvrir quoi ? Cela était étrange, car depuis toujours elle a renié ses origines, ne sentant pas française et encore moins anglaise. Alors pourquoi, rêvait-elle d’un autre endroit, d’une autre époque ? Et puis surtout pourquoi maintenant. Ces rêves étaient la clé de sa vie passée mais la jeune femme n’en savait strictement rien. Elle se mit sur le côté, ne trouvant plus le sommeil. Cette ressemblance avec cette blonde laissait la jeune femme sans voix, elle ne savait plus quoi en penser. Avait-elle une jumelle, ou bien était-ce…. Elle ? Pourtant ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas avoir vécu à deux époques différentes si seulement elle savait. Thea se contenta de se mordiller la lèvre inférieure tout en laissant son esprit vagabonder, tentant de trouver la paix après ce trouble.

Poussant la porte de son appartement, les traits de la jeune femme semblaient ternes, comme si une terrible nouvelle venait de lui être annoncée. Et pour cause, on venait de lui dire que son père était mort. Il est et était sa seule famille, malgré le fait qu’elle ne soit plus une enfant, elle aimait quand même son père. Il l’avait élevée après la mort de sa mère, il avait fait en sorte qu’elle ne manque de rien, malgré une marque de tendresse féminine invisible. Elle ne réalisait pas encore bien, son esprit refusant d’y croire. Tout cela parce qu’elle n’avait pas pu lui dire au revoir, elle lui avait promis de venir lui rendre visite mais elle ne l’avait pas fait. Ayant déposé ses affaires, sa main se posa sur le mur, comme si ses jambes ne pouvait plus la supporter à cet instant. Le souffle lui manquait, ses poumons la brûlaient. Fermant les yeux, Thea fut soudainement pris de visions du passé, celles qui venaient s’incruster dans son esprit le soir. Et là, elle ressentit une douleur atroce, qu’elle fut obligé de tenir son cœur qui battait la chamade. Elle avait tellement mal. Une odeur de chair brûlée embaumait l’air. Des visages, des voix qui criaient, un visage familier qui tentait de se débattre parmi les flammes. La personne à côté d’elle était une femme à peu près du même âge. Ces personnes étaient ses parents. Cette blessure qui s’était ouverte avait laissé place à des souvenirs enfouis depuis des années, depuis sa naissance. Et maintenant ils s’étaient réveillés avec la mort de son père. Quelques temps auparavant, elle avait rêvée être à Poudlard, dans une salle, avec des plans et des indications d’attaque contre Durmstrang. Tout ceci la rendait folle, comme si ces souvenirs lui disaient quelque chose, qu’elle avait cette femme qui avait assisté à la mort de ses parents, brûlés. Traîtres. Elle avait entendu ses mots, elle ne savait pas pourquoi ils avaient nommés ainsi jusqu’à qu’elle se souvienne de l’histoire de cette guerre qu’on lui avait raconté. Écarquillant les yeux, la jeune Thea savait que tout ceci avait un sens, la mort de son père, tout ces souvenirs. C’était un signe. Elle avait toujours su qu’elle n’était pas anglaise, encore moins française et que sa véritable personnalité avait été enfouie en elle. Mais pourquoi se réveiller maintenant ? Pourquoi la tourmenter ainsi ? Elle savait à présent qu’elle n’était pas une simple employée du Ministère de la Magie, elle avait été une espionne, une sorte de Mata-hari. Il y avait aussi cette femme avec de longues boucles de couleur jais qui lui avait donné une bague, celle qu’elle portait en guise de pendentif. Tous cela avait un sens, et le voile sera levé.

Faisant claquer ses talons sur le sol, la jeune Thea soupira, ayant rendez-vous avec une connaissance à elle pour déjeuner. Se dirigeant vers l’entrée du Magenmagot, elle fut distraite l’ombre d’un instant et ne vit pas vraiment où elle mit les pieds heurtant ainsi un individu un peu brutalement. Etant légèrement sonnée, la jeune femme allait se confondre en excuses. « Vous ne pouvez pas faire attention un peu. » Thea pouvait reconnaître cette voix entre mille, et qui plus est il fallait qu’elle tombe sur lui. « Je ne suis pas la seule fautive, tu ne regardais pas non plus où tu allais. » Son regard bleu se fit dur en observant l’homme qui était devant elle. Priam Stark. Ils ne s’étaient pas revus depuis Poudlard, la jeune blonde avait bien soigneusement pris la peine de ne plus le croiser et voilà que le destin s’acharnait sur elle. « Tu comptes t’excuser, j’attends. » Thea se mordilla l’intérieur de sa joue pour s’empêcher de lui coller une gifle. Cependant, elle ne pouvait pas et pour cause. « Tu attendras alors mon cher, ce n’est pas parce que tu es le directeur du département magique que je vais m’incliner. » A chaque fois qu’elle le voyait, les souvenirs de cette nuit ressurgissait. Il fallait que cela cesse, parce qu’elle ressentait était complètement absurde. Thea le toisa avant de reprendre sa marche, avant de se faire intercepter. Son bras était bloqué par la poigne de Priam qui vint ensuite approcher ses lèvres de son oreille. « Tu ne perds rien pour attendre.. Aleksandra. » Le fait qu’il prononce ce prénom avait déclencher des frissons, qu’elle s’obligea à contenir, ne voulant pas paraître faible aux yeux de Priam. Son cœur bondissait, comme si cette voix enchanteresse arrivait à faire battre son cœur plus que la normale. « C’est ce qu’on verra Alexei. » Thea le regarda, avant d’esquisser un sourire amusé, puis ce dégagea de l’étreinte et marcha d’un pas rapide vers la sortie.[/color]