« Tu n'es rien. Absolument rien. » susurra Nikolaï Ivashkov lentement tout en regardant son fils avec dégoût et colère. Assis face à son père, les yeux bleus d'Alexei se posèrent sur ce dernier avec une haine non dissimulée. Tout le monde savait parfaitement que la famille Ivashkov ne s'entendait pas. Composée uniquement de deux membres, ils se battaient sans cesse sans que personne n'y trouve réellement son compte. Or cette fois, le père d'Alexei était allé trop loin. Devenu aigri avec le temps, le père de famille ne supportait pas de voir son fils évoluer dans des sphères qu'il n'avait jamais connu. Rejeté et pauvre, il faisait tout pour profiter de l'influence de son fils à ses fins. Chose qu'Alexei ne supportait plus. Impassible, il regardait son paternel faire les cent pas dans la pièce et écoutait d'une oreille distraite ses injures. Levant les yeux au ciel, il se figea néanmoins quand il entendit son père évoquer sa mère. Il ne l'avait jamais connu et si la version officielle de l'histoire disait qu'elle était morte en couches, d'autres rumeurs faisaient de lui un fils de vélane. Son père lui avait simplement dit qu'elle était issue d'une bonne famille. Serrant les dents, il dévisagea avec froideur l'homme qui se tenait devant lui. « Qu'est ce que tu viens de dire, ivrogne ? » Ecoeuré de voir un sourire apparaître sur le visage de son interlocuteur, il le fut d'autant plus quand il entendit son rire gras s'élever dans les airs. Poussant un soupire, Alexei décida de partir, conscient qu'il ne pouvait rien faire pour raisonner le patriarche. Attrapant ses affaires ainsi que la petite bourse que lui avait demandé son père, il se retourna violemment en sentant une main se poser sur son épaule. « Tu ne vas tout de même pas partir sans me donner mon argent ! » Arquant un sourcil, Alexei se recula de façon à être à distance suffisante de la porte et de Nikolaï comme il aimait à l'appeler. Luttant pour conserver son calme, il le dévisagea avec fermeté et autorité. « C'est mon argent. Et tu n'y toucheras plus désormais. » déclara-t-il sans éprouver la moindre pitié. Tournant des talons, il claqua la porte derrière lui sans prendre compte des cris et insultes qui jaillissaient de la pièce qu'il venait de quitter. Son père ne pouvait rien faire contre lui puisqu'il était apte à prendre ses décisions et à gérer ses affaires. Rentrant d'un pas tranquille, il s'arrêta en chemin à une taverne afin de s'y détendre.

Alexei ne voulait pas croire à la rumeur qui se propageait dans les murs du manoir. C'était absolument insensé et improbable et pourtant, il avait accouru à la piètre chambre qu'occupait son père afin de le vérifier. Détruisant presque la porte en l'ouvrant, il parcouru la pièce du regard tout en fulminant. Un de ses partenaires était venu le féliciter pour ses fiançailles et son mariage imminent. N'y comprenant rien au début, le jeune homme en était vite venu à la conclusion que son père était derrière tout cela. Si Nikolaï Ivashkov n'était rien, il pouvait en revanche conclure un marché en mariant son fils. Cela se faisait beaucoup à cette époque et même Alexei ne pouvait rien y faire. Il était dos au mur puisqu'il ne pouvait renier le droit de son père à fiancer son fils. La famille Ivashkov n'était pas aussi influente et riche que ne l'étaient d'autres mais le statut de bras droit d'Aleksander Romanov qu'avait gagné Alexei le rendait des plus désirables. Jusqu'à présent, il n'avait jamais vraiment réalisé à quel point son paternel était prêt à tout pour continuer de mener sa vie pitoyable. Il avait du gagner beaucoup en concluant ces fiançailles avec une fille de bonne famille. Déjà furieux, il implosa en voyant son père éclater de rire devant son fils. Projetant ce dernier contre un mur en se jetant sur lui, il le souleva du sol et le jaugea avec colère. « Comment as-tu osé ! Tu as du gagner suffisamment pour t'offrir de quoi boire pendant quelques temps mais crois moi, tu paieras pour ça. » cracha Alexei. Véritablement hors de lui, il lâcha les vêtements usés de son père qui tomba au sol. Renversant la table sur son passage, le sorcier se retourna et admira avec dégoût celui qui avait contribué à sa venue au monde. Il n'avait plus rien de l'homme qu'il gardait en souvenirs. Si Nikolaï Ivashkov s'était toujours montré sévère et à la limite de la haine envers lui, il n'en perdait au moins pas sa dignité et son autorité. Il ne restait plus rien de ce sorcier qui était si influent autrefois. Comme quoi un jour ou l'autre, tout pouvait basculer. S'attendant à recevoir tout un lot d'injures des plus originales, Alexei fut dérouté d'entendre des pleurs s'élever de la carcasse amaigrie et puante qui se tenait devant lui. Impassible, il se demanda même un instant si il ne rêvait pas. « Tout est de ta faute ! Je n'aurai jamais du m'amouracher de ta mère ! Elle n'était que problèmes et j'aurai du écouter les avertissements de mes proches. » Fronçant les sourcils à l'évocation de cette mère qui demeurait être une inconnue pour lui, Alexei n'en demeura pas moins las d'entendre toujours la même rengaine. Depuis que son paternel avait fait faillite et que tout le monde l'évitait, il ne cessait de répéter que son fils unique était le coupable. Le russe n'était pas dupe et il savait très bien que tout ce qui sortait de la bouche de ce dernier n'était que poison. Il ne faisait plus attention à tous les mots durs qu'ils pouvaient avoir pour lui puisque cela ne le touchait pas. Pressé d'aller régler ce problème de mariage à l'amiable, il ricana en voyant une étincelle d'espoir briller dans les yeux de son père. Cette étincelle qui était toujours présente après qu'il ait débité toutes sortes de propos à l'égard d'Alexei. Le jeune homme savait qu'il espérait ainsi pousser à bout son fils mais il n'en était rien. « Tu me fais vraiment honte vieillard. Au moins, je sais que tes jours sont comptés. » Et il n'avait pas tort. L'homme qu'il avait auparavant craint et respecté déclinait de jour en jour, notamment à cause de ses excès passés et présents. Quittant la pièce sans attendre, il était impatient de voir à qui diable il était promis et d'essayer d'annuler subtilement l'accord.

Assis sur son lit désormais froid, Alexei avait le regard perdu dans le vide. La compagnie qu'il avait eu ce soir n'avait pas suffit à lui changer les idées. Le jeune homme n'aurait jamais cru que l'annonce de la mort de son père le troublerait à ce point. Il était soulagé mais une part de lui semblait en deuil. Passant une main dans ses cheveux, il se leva afin d'ouvrir la fenêtre. Fermant les yeux en sentant l'air frais caresser son visage, il frissonna en sentant des mains parcourir son torse. Cela ne pouvait être sa femme puisqu'elle était en voyage. Tout était prétexte à s'éloigner du manoir et de ce que l'on racontait sur Alexei. Depuis son mariage qu'il n'avait pas pu éviter, il n'avait jamais touché sa femme et l'abandonnait volontairement. Il lui faisait en quelque sorte payer cet accord qu'avait conclu son père avec le sien. Devinant rapidement de qui il s'agissait, il s'empara des mains de l'intruse et parvint à se retourner après les avoir lâché. Fière et impétueuse, Prosperine le dévorait du regard. Impressionné par son audace, un sourire se dessina sur son visage pour la première fois depuis longtemps. « Tiens donc, cela faisait longtemps. Tu as terminé de jouer avec les prisonniers ? » Cela n'était un secret pour personne que Prosperine aimait torturer les prisonniers faits au cours des batailles. Depuis que la guerre avait éclaté, Alexei avait pu voir le véritable visage de ses proches et celui de Prosperine ne l'avait pas effrayé. Même celui de son ami le plus proche ne l'avait pas dérouté. En plus d'être le bras droit d'Aleksander Romanov, il était devenu son allié et son frère d'armes. Il le connaissait si bien qu'il trouvait les agissements de ce dernier étrange depuis quelques temps. Revenant au moment présent, il passa brièvement sa main sur la joue droite de Prosperine. Une mauvaise décision puisqu'un feu s'alluma presque instantanément dans les yeux de la jeune femme. Accueillant les lèvres de celle-ci sur les siennes, cela eut quasiment le même effet que les vagues s'écrasant sur le récif. Violent et dévastateur. En un sens, ils avaient besoin l'un de l'autre. Un accord tacite quand ils avaient besoin de chaleur humaine. C'était leur réaction face à tout ce qu'ils vivaient ainsi qu'une réponse au désir qui les habitait. Parcourant la peau de Prosperine de ses lèvres, ils atterrirent sans surprise sur le lit derrière eux. Habitué au corps de la jeune femme, il la dévêtit en quelques minutes à l'instar de la brune qui en avait fait de même. Obéissant à son instinct, c'est avec plaisir qu'il quitta la pièce au bout d'un long instant. En quête d'alcool et de nourriture, il se figea en voyant Aleksander sortir de ses appartements. Rien d'anormal sauf qu'aux dernières nouvelles, ses appartements étaient occupés par la prisonnière Briséis Pereydragon. Fronçant les sourcils, il l'observa quitter les lieux en silence. Quelque chose se passait et Alexei avait quelques doutes. Il espérait se tromper mais plus le temps passait, plus ses doutes se confirmaient. Regagnant ses appartements après avoir trouvé quelques vivres, il y trouva Prosperine à moitié assoupie. Le sourire aux lèvres, il disposa tout ce qu'il avait pu dénicher sur une table qu'il rapprocha du lit. Prenant place aux côtés de la jeune femme, il relégua ce qu'il avait vu à plus tard.

« Où est-il ? Où est Aleksander ? » Calme en apparence, Alexei était en réalité effrayé et énervé. On venait de lui annoncer la mort d'Aleksander Romanov et le jeune homme ne voulait absolument pas y croire. Isolé avec quelques responsables dans une pièce à moitié délabrée, des plans étaient rassemblés sur une table. Jaugeant du regard chaque sorcier présent, il tapa la table de son poing, faisant trembler tout le monde. « Répondez moi ! Où est-t-il ? Et Freya Romanov ? » Devant le silence plombant qui suivit ses paroles, Alexei leva les yeux au ciel avant de plaquer un soldat contre ce qui restait d'un mur. Fusillant du regard sa victime, il patienta calmement avant d'avoir une réponse correcte. « On vous l'a dit. Aleksander Romanov est mort et nous sommes sans nouvelles de sa mère. » Laissant tomber l'homme qu'il avait cloué contre un mur, Alexei resta silencieux. Il ne savait comment réagir face à ces informations. Si il devait agir de façon calme et lucide, tout son monde venait de s'écrouler. Aleksander était son plus proche ami. Il le considérait comme un frère et voilà qu'on lui annonçait sa mort. Autant dire que le russe n'arrivait pas à l'accepter. Il l'avait tant admiré qu'il le pensait invulnérable. Jamais il n'aurait imaginé le perdre dans la guerre qui sévissait dans le monde magique depuis quelques années déjà. Ignorant les sorciers qui se tenaient autour de lui, Alexei ne bougeait plus et était complètement perdu dans ses pensées. Sous le choc, il eut même de la peine à entendre ce qu'on lui disait. « En tant que bras droit d'Aleksander, c'est à vous de donner les ordres. Que faisons-nous ? » Autant dire que le jeune homme n'aurait jamais imaginé prendre la place de son ami. Il était certes ambitieux mais pas jusqu'à vouloir la mort de quelqu'un et encore moins un proche. Il aurait voulu avoir un moment pour lui. Quelques jours pour assimiler les nouvelles informations et pour reprendre la face. Cependant c'était impossible. La guerre faisait toujours rage au dehors et on attendait de lui qu'il donne une réponse maintenant. Il était inutile de penser pouvoir faire son deuil puisqu'il était désormais responsable de quelque chose qui le dépassait largement. Il n'avait jamais compris comment Aleksander avait fait pour tout gérer de front sans éprouver la moindre émotion. Il était calme en permanence et Alexei se devait de prendre exemple sur lui. Croisant les bras sur son torse, il inspira profondément avant de se retourner vers ses interlocuteurs. « Ce que nous faisons de mieux. Nous nous battons pour Durmstrang. » répliqua-t-il sans sourciller. S'approchant des plans, il les étudia brièvement avant de donner ses instructions. Il n'y avait pas d'alternatives. Soit il gagnait, soit il mourrait.

« Je suis vraiment déçu. Tu aurais pu faire mieux. » Arquant un sourcil, Priam fixa son père avec amusement. Il était assez ironique que son père ressemble tant à celui d'Alexei Ivashkov, issu de son ancienne vie. A croire qu'il avait beau faire tout ce qu'on lui demandait, jamais il ne satisferait son père. Cependant contrairement à Alexei, Priam était bien plus détaché de sa famille. Fils unique, il avait assisté à la dépression de sa mère année après année tandis que son père était souvent absent. Entraîné très jeune à devenir legilimens, il n'avait réussi à maîtriser ce don que bien des années plus tard. Une fois qu'il était devenu inutile aux yeux de son père, il avait quitté le foyer familial pour se "concentrer sur sa carrière" au Ministère de la Magie. La lettre d'admission de Poudlard avait été un véritable soulagement pour Priam. Se construisant seul sans l'emprise de son père et encore moins sans la présence morbide de sa mère, il était devenu quelqu'un de brillant et de respecté. Sorti premier de sa promotion, il avait été dès lors engagé au Ministère. Un petit poste mais Priam était ambitieux et il était convaincu qu'il gagnerait rapidement les échelons en un rien de temps, aidé de son don de legilimens. Voyant pour la première fois son père depuis sa sortie de l'école de magie, il s'était attendu à recevoir des félicitations mais son parcours ne semblait pas impressionner son père. Agacé et franchement las d'être à ce point un poids aux yeux de ce dernier, Priam se leva du fauteuil installé en face du bureau de son père et s'apprêta à quitter la pièce quand il eut une idée. Désirant prouver à Augustus Stark qu'il avait tort, il le fit de la seule manière qu'il lui avait enseigné. Faire de son fils un legilimens avait toujours été un souhait important pour son paternel sauf qu'il ne pouvait pas savoir à quel point il s'était exercé afin d'accroître ce don. Plongeant ses yeux dans ceux de ce dernier, il fut surpris de constater qu'il avait mis en place quelques barrières. Passant outre rapidement, il recula, frappé par la surprise et le dégoût. Il voyait tout. Toute la vie de son père et tous ses mensonges. Toutes les autres femmes et les secrets qu'il gardait. Fronçant les sourcils, il coupa tout lien entre eux avant de s'approcher du bureau. Frappant le bois de ses mains, il sentit la colère monter en lui, comme si toutes les souffrances par lesquelles il était passé rejaillissait en même temps. « Tu n'es qu'un lâche doublé d'un salopard. Toutes ces années que j'ai gaspillé dans l'unique but de te satisfaire. Tu m'écoeures. » Révulsé à la simple idée d'être en présence de son géniteur, il le fut d'autant plus en voyant un sourire s'étirer sur son visage. Ne voulant plus rien à faire avec lui, Priam quitta l'endroit sans plus tarder en se promettant de ne pas tomber aussi bas que son père.

Les réminiscences de sa vie passée avaient resurgis progressivement lors de sa scolarité, mais Priam n'avait jamais eu vraiment conscience de tout ce qui avait pu se passer. Il ne savait même pas qui il était jusqu'à cette nuit. Réveillé en sursaut après avoir rêvé d'étranges choses, il en garda un goût amer dans la bouche. La malédiction jetée sur le monde magique était un véritable fléau et Priam avait toujours espéré y échapper. En vain puisqu'il savait désormais tout de son ancienne existence. Il s'appelait autrefois Alexei Ivashkov et n'était pas du tout un sain. Cette information ne le dérangeait pas vraiment mais cela changeait tout de même quelque chose. Il savait désormais d'où venait cette part d'ombres en lui ainsi que cette petite voix qui s'éveillait à de rares occasions. Priam ne savait pas pourquoi il se rappelait de tout aujourd'hui et non un autre jour. Il était juste ennuyé d'être enfin pleinement conscient de cette autre vie. Voulant tout sauf rester dans ses draps humides, il se leva et ouvrit une fenêtre. Soulagé de sentir l'air frais entrer, cela ne dura pas longtemps puisqu'un souvenir d'Alexei dans la même situation s'imprima dans son esprit ainsi que la scène suivante où il était en charmante compagnie. Serrant les poings, il alla au bar afin de se servir un verre. Il détestait ce qu'il ressentait. L'idée de n'être que la simple deuxième chance d'Alexei. Il avait sa propre vie et comptait bien en profiter. Jetant un coup d'oeil à la gazette d'hier, il se renfrogna en lisant l'article consacré à son père. On le disait ruiné et en dépression. Il avait été forcé de démissionner de son poste sans que quiconque ne donne de raisons. Priam était heureux de constater qu'il y avait une justice dans ce monde mais il faisait de nouveau le parallèle entre la vie d'Alexei et la sienne. Serrant la mâchoire, il sursauta en entendant quelqu'un frapper à la porte. Il était tard, ce qui rendait cette visite des plus étonnantes. Ouvrant la porte sur sa voisine, il lui laissa à peine le temps de parler qu'il se jeta sur elle. Il voulait tout sauf penser à sa vie passée et à son père. Satisfait de sentir une certaine surprise, il l'invita chez lui en sentant les lèvres de la jeune femme se presser contre les siennes.

Installé confortablement dans un coin du dark tube, une boîte de nuit huppée du centre de Londres, Priam observait silencieusement les personnes qui s'y trouvaient. Faisant à peine attention aux filles qui se trémoussaient à côté de lui et qui divertissaient d'autres hommes, il n'avait que pour seule compagnie un verre d'alcool à la main. Arquant un sourcil en voyant une brune aux traits familiers s'engouffrer dans la foule remuant au rythme de la musique, il ne tarda pas à faire le lien entre elle et les sorciers qui venaient d'entrer à leur tour et qui semblaient chercher quelqu'un. S'ennuyant ferme, il repéra rapidement la fuyarde et se dirigea sans plus attendre vers elle. Curieux de savoir pourquoi elle cherchait à fuir les sorciers qui étaient apparemment à sa poursuite, Priam s'accouda au comptoir où la jeune femme se trouvait et posa ses yeux sur elle. Reconnaissant sans mal un des visages de sa vie passée, il fut surpris de son identité. La réincarnation de Prosperine elle-même le dévisageait avec méfiance. En voyant approcher les sorciers qu'elle voulait éviter, il posa son verre et se plaça derrière elle afin de la dissimuler. Embrassant la jeune femme sans son accord, il fut soulagé de voir ses pourchasseurs les dépasser. La lâchant immédiatement, il ignora les injures qu'elle eut pour lui. Ne comprenant pas vraiment lui-même son acte, il mit cela sur le compte de sa vie passée. Alexei avait eu beaucoup d'affection pour Prosperine malgré leurs situations. Inquiet à l'idée que sa vie passée prenne le dessus sur sa vie présent, il reprit son verre et le vida cul sec. S'intéressant à nouveau à la jeune femme qui le fusillait du regard, il lui offrit un haussement d'épaules tout en souriant en coin. « Ne me dis surtout pas merci et déguerpis avant qu'ils ne t'attrapent. » Priam ne connaissait rien de la femme qui se tenait devant lui mais cela avait au moins eu le mérite de le divertir un instant. Avertissant le serveur que son verre était vide, il la vit tourner des talons plus vite que son ombre. Fronçant les sourcils, il joua avec son verre un instant avant de revenir à sa place originelle. Repoussant les filles qui se jetaient sur lui, il se laissa tomber dans le fauteuil lourdement avant de porte son verre à la bouche. Il n'aimait pas du tout se laisser guider par des faits et connaissances passées, même si ils étaient forts. Perdu dans ses pensées, il fut surpris de voir un groupe acclamé et applaudi entrer dans la salle. Passant en revue les nouveaux arrivants, il se figea en apercevant une autre figure de son passé. Aleksander Romanov. Envahi par des souvenirs farfelus et un fort sentiment d'amitié, Priam fronça les sourcils davantage et se redressa. Luttant contre quelque chose en lui qui semblait l'attirer toujours plus vers la foule, il resta néanmoins assis. Alexei et Aleksander partageaient une amitié il y a de cela très longtemps. Ils étaient différents et avaient deux vies opposées à leurs anciennes existences. La foule scandait son prénom et Priam ne tarda pas à mettre un nom sur son visage. Noah Oswald. Terminant son verre, il le laissa sur la table avant de partit tout en payant ses consommations. Frustré des découvertes qu'il avait fait ce soir, il était loin de remettre un pied dans le pub.

« Monsieur Stark, j'ai fais ce que vous m'aviez demandé. » Assis à son bureau, Priam se leva de son fauteuil avec un sourire aux lèvres. S'approchant de la fenêtre composant son bureau, il observa le paysage tout en s'interrogeant sur la suite. Il aimait à rendre la vie d'une de ses employées particulièrement difficile depuis qu'il l'avait reconnu. La réincarnation de Briséis Pereydragon, au sein même du Ministère et encore mieux, dans sa branche. Devenu directeur du département de la justice magique, il avait été agréablement surpris de constater que la jeune Echo Laertiadis y était stagiaire. Silencieux, il haussa les sourcils en constatant que le sorcier était toujours ici. Se retournant vers ce dernier, le brun l'interrogea du regard. « Laertiadis a écopé de toutes les affaires dont personne ne veut ainsi que des tâches ingrates. Elle n'est pas prête d'avoir du temps libre pendant un long moment. » Hochant la tête en signe de satisfaction, il lui fit signe de le laisser afin d'être seul. Plongeant sa main dans son pantalon, il en ressortit une place pour le prochain match de quidditch de l'équipe d'Angleterre. Depuis qu'il avait appris que la réincarnation d'Aleksander y jouait en tant que capitaine et attrapeur, il faisait absolument tout pour devenir à nouveau proche de lui. Il enviait le lien qui les avait autrefois réunis et faisait tout pour qu'il recouvre la mémoire. Réussir à écarter la Laertiadis ne lui laisserait que plus de libertés. Il était inutile qu'elle tourne autour de Noah et il ne le permettrait pas. Il savait pour Briséis et Aleksander. Alexei avait confirmé ses soupçons quelques temps avant sa mort ainsi que celle de son ami mais il était resté silencieux par amitié. Priam ne voulait pas qu'Echo ait tant d'emprise sur Noah. Il la tenait responsable de tout et ne se sentait absolument pas coupable de lui faire payer ses exactions. Rangeant ses papiers dans sa poche, il posa ses yeux sur le nouveau journal. Depuis quelques années, il s'informait d'absolument tout et examinait avec attention tout ce qui se passait. Il n'était pas dupe et les souvenirs d'Alexei lui étaient d'une grande aide. Reprenant place à son bureau, il attrapa un dossier qui traînait par là et le feuilleta distraitement. Il prenait son travail à coeur mais parfois, la nostalgie prenait le pas sur lui. Il craignait plus que tout qu'il ne s'agisse d'Alexei et faisait donc très attention lors de ces moments là.