Tout n’était que larmes et désolation, autour d’elle, c’était le chao et ce, même si les corps ne s’agglutinaient pas dans les coins du château. Pourtant, dans son esprit c’était tout comme, elle avait l’impression de voir les fantômes de tous ceux qu’elle avait perdu glisser entre ses paupières à chaque fois qu’elle débouchait dans un couloir. La guerre était loin d’être terminée mais c’était comme si elle lui avait déjà tout pris. Heureusement pour elle, il lui restait Mason et rien qu’à l’évocation de son nom, elle en frissonnait. Cela lui faisait du bien de penser à lui, c’était rassurant. Elle était sûre qu’il serait toujours là pour elle, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi mais elle avait l’impression que lui ne l’abandonnerait jamais. Il était comme le soleil qui apparaissait derrière les nuages de cendres d’un incendie et elle avait l’impression de mieux respirer lorsqu’il la tenait dans ses bras. Elle savait bien qu’ils étaient en quelque sorte de amants maudits, que jamais ils ne pourraient réellement être ensemble, parce que ses parents le refuseraient, parce qu’ils avaient déjà prévu toute sa vie en détail jusqu’à ce qu’elle ne meure. Mais elle avait envie de croire qu’un miracle était possible et que, peut-être un jour, ils lui donneraient leur bénédiction. En attendant, elle profitait de chaque instant passé avec l’être aimé, comme s’il pouvait être le dernier, elle ne pensait pas que le dernier instant était proche… « Mason… » Murmura t’elle doucement en remarquant l’ombre du jeune homme au fond de la pièce dans laquelle elle venait d’entrer.  Elle aurait pu le reconnaitre entre milles et ce, malgré l’obscurité. Elle savait qu’il lui avait menti, qu’il n’était pas héritier d’une grande famille, qu’il n’était qu’un voleur, un arnaqueur et un menteur mais, elle n’arrivait pas à s’en détacher malgré tout ce qu’elle avait découvert sur lui. Surtout depuis que tous ses proches disparaissaient, depuis que les corps de ceux qu’elle aime s’empilaient, que ceux qui l’aidaient à rester forte s’en allaient de l’autre côté. Elle n’avait plus que lui, et elle en avait tellement besoin… Ses pas la menèrent jusqu’à lui sans même qu’elle s’en rende compte et bientôt elle sentit ses bras se refermer sur son corps frêle et son souffle se perdre dans ses cheveux. Elle allait déjà mieux, et ce sans même qu’il ne lui adresse un seul mot. Elle savait bien que tout s’écroulait mais le fait de le savoir près d’elle c’était comme si rien n’avait plus aucune importance. « Ca va aller Scarlett… Je te le promets… » Murmura-t-il à son oreille lui arrachant un léger frisson. Se détachant doucement de lui elle passa ses mains sous ses yeux, remarquant à peine qu’elle pleurait à chaudes larmes avant de plonger son regard dans le sien. Elle avait désormais du mal à le croire, elle ne voulait pas qu’il lui mente à nouveau, qu’il se joue d’elle puisqu’après tout elle avait désormais du mal à croire qu’il l’aime réellement… La seule chose qu’elle trouva au fond de ses pupilles ne fit qu’empirer son doute, elle y voyait tellement d’émotions contradictoires qu’elle préféra se détourner, lui tourner le dos pour arriver à faire le vide, à essayer de comprendre et de le croire. Mais, il ne l’entendait pas de cette oreille et, comprenant surement ce qui la faisait douter se plaça face à elle et entoura son visage de ses mains pour l’obliger à le regarder dans les yeux : « Crois-moi Scarlett, tout ira bien, je te le jure ! Je t’ai promis que je ne te mentirai plus jamais tu te souviens ? Calme-toi je t’en prie… »  Elle avait envie de lui balancer à la figure qu’elle ne pourrait plus jamais le croire, de l’autre côté, elle avait tellement envie de le croire. Son amour pour lui pris le dessus et elle ne tenta pas de l’éviter lorsqu’il déposa avec tendresse ses lèvres sur les siennes. Blottie entre ses bras elle finit par oublier une nouvelle fois ses doutes, elle ne pourrait pas lui en vouloir éternellement, elle n’arrivait même pas à le faire après quelques minutes passées avec lui. Dehors, tout n’était que larmes et désolation, dehors, la guerre faisait rage mais elle, divaguait entre les bombes, elle flottait au milieu des cadavres et du sang, parce qu’elle l’aimait, et qu’elle pensait que l’amour vaincrait la mort, vaincrai la guerre…

Les yeux dans les yeux avec elle-même elle soupire, lasse du visage qui apparait chaque jour dans son miroir. Elle a les traits tirés et les yeux vides d’expression, les cheveux ternes et une moue triste constamment plaquée sur le visage et rien ne va en s’arrangeant. Depuis quelques jours, elle sent cette chose dans son ventre s’animer, se mettre à bouger et elle a envie de s’ouvrir le ventre elle-même pour arracher cette chose de ses chairs. Ce n’est pas son enfant, cela ne le serait jamais, c’était l’enfant de ce monstre qui jamais n’avait cessé de lui mentir, qui lui avait menti et qui était allé jusqu’à assassiner l’ensemble de ses proches, elle n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui avait pu lui passer par la tête… Et elle s’en voulait tellement d’avoir été si naïve. Il est tard et les bougies qui lui servent de lumière font encore plus ressortir son teint maladif et ses cernes marqués. Cela ne pouvait plus durer, elle le savait bien, tous les jours qui passaient la rapprochaient encore plus de l’échéance fatidique où elle donnerait naissance à l’enfant d’un monstre. Elle ne pourrait pas le supporter, parce qu’à chaque fois qu’elle croiserait le regard de ce bébé, du sang de son sang, de la chair de sa chair, elle ne pourrait qu’y retrouver le tumulte d’émotions qu’elle n’avait jamais réussis à démêler en regardant Mason. Autour d’elle, c’était comme un laboratoire vendeur de mort, des tableaux, encore et encore, des tableaux sombres et morbides, des scènes de mort, des scènes représentant sa mort. Cela faisait quelques temps qu’elle y pensait, qu’elle savait qu’il arriverait un jour où elle passerait à l’acte, mais elle n’avait encore jamais eus le courage de passer à l’acte, et ce même si elle ne pourrait plus jamais faire plus que survivre avec tout ce dont elle avait été complice sans même le savoir. Mais ce soir, elle sentait qu’il était temps, que si elle se réveillait à nouveau en vie le lendemain, elle ne pourrait pas faire demi-tours… Elle se sentait si mal, si faible, si sale… Son regard éteint glissa sur toutes les peintures qu’elle avait fait ces derniers temps, certaines lui mirent même la chair de poule tant leur réalisme était inquiétant, il y en avait un, un seul qui donnait presque l’impression d’une scène normale, une jeune femme aux longs cheveux bruns assoupie dans un lit aux draps rouges satinés, le visage apaisé.  L’ordre paraissait parfait, comme une image de contes de fées quand la princesse attendait le baiser de son prince charmant, le baiser qui la réveillerait de son sommeil centenaire, mais Scarlett savait que quelque chose ne tournait pas rond, n’importe qui aurait observé le tableau ne l’aurait pas remarqué mais elle savait. Elle voyait les éclats discrets de verre répandus sur le sol de la chambre, elle remarquait sa main crispée sur le drap comme l’écho de la douleur de la mort, comme le reflet d’une vie qui s’échappe et un effort désespéré mais vain pour la retenir. Elle remarquait aussi la pâleur de son teint, elle savait bien que c’était l’absence de vie qui se réfléchissait sur ses pommettes d’habitudes bien roses. Elle savait exactement comment cela allait se passer, elle espérait que cela serait rapide et que la mort soit douce… Après tout elle se jetait dans ses bras, pourquoi la fin serait-elle cruelle ? La fiole sur la table capta son regard, comme si elle faisait l’effet d’une terrible attraction, Scarlett étendit son bras pour l’attraper entre ses doigts, elle paraissait si fragile, elle avait l’impression que si elle serrait un peu trop, elle la briserait et perdrait toute chance d’échapper à la guerre et aux conséquences de son amour pour un meurtrier. Il fallait qu’elle le fasse, maintenant. C’était urgent, et elle le sentait, l’être en elle le sentait aussi tandis qu’il donnait des coups, de plus en plus forts, de plus en plus vite, à moins que ce n’était que son cœur qui s’emballait à l’approche d’une mort certaine. Elle se redressa, le souffle court, prenant bien garde à ne pas briser la fiole et se dirigea d’un pas mal assuré vers le lit, faible, elle s’appuie contre les murs, contre les meubles pour ne pas chuter, elle a l’impression qu’une éternité s’est passée lorsque enfin elle sent la douceur des draps contre sa peau. Elle ferme les yeux, elle ne veut voir que lui, parce qu’au fond, malgré tout ce qu’elle a entendu sur lui, malgré le fait qu’il ait tué, qu’il ait tant tué, elle l’aimait encore et elle allait le rejoindre. Portant la fiole à sa bouche, elle a une seconde de doute quand le liquide glisse entre ses lèvres, mais c’est déjà trop tard, c’était plus rapide qu’elle n’aurait pensé, elle se sentait déjà partir… Voyant celui qu’elle avait toujours aimé s’approcher, devenir de plus en plus net, clair, elle ne pu s’empêcher d’esquisser un sourire qui s’envola avec sa vie

Sortie d’un cimetière londonien, 16 ans« Mademoiselle Ainsworth! Monsieur, Madame Ainsworth! Comment prenez vous la nouvelle? » S’écrièrent des journalistes en s’agglutinant autours de la famille endeuillée qui sortait à peine de l’enceinte du cimetière dans lequel avait eu lieu la cérémonie.  Le visage fermé et les yeux baissés c’était Saphryna qui avait pris la tête du petit cortège, encore perdue dans ses pensées. Elle n’avait pas prononcé un seul mot depuis le début de la cérémonie, et depuis qu’elle avait appris la nouvelle, elle n’avait pas laissé échapper une seule larme, elle voulait rendre son frère, qu’importe où il soit désormais, fier d’elle. Elle voulait apparaitre forte, mais elle était dévastée. « Avez-vous pu faire vos adieux à votre frère? » Demanda un reporter un peu plus entreprenant que les autres qui se permit même d’attraper le bras de la jeune sorcière. Mais il retira rapidement en geste, remarquant le regard noir que lui lançait son interlocutrice et de ses parents. Pendant quelques secondes, la cohue se calma, peut-être avaient-ils peur de ce que les parents pourraient faire pour préserver leur fille, le seul enfant qui lui restait… Mais ils ne firent rien, préoccupés à se serrer l’un contre l’autre tout en gardant une allure la plus digne possible. Aussi vite qu’il s’était arrêté le brouhaha recommença, au grand dam de Saphryna qui  avait espéré qu’ils comprennent enfin qu’ils n’auraient jamais de réponse. « Mademoiselle Ainsworth comment allez-vous? Vous tenez le coup? » Sortant de leur mutisme, Monsieur Ainsworth repoussa quelques journalistes avant de s’exclamer d’un ton presque violent à l’encontre de cet essaim : « Laissez-nous tranquille! Saphryna viens on s'en va! » S’arrêtant d’un coup sec, surprenant la foule qui l’entourait elle serra les poings, se mordant la lèvre presque jusqu’au sang elle redressa la tête. « Lâchez-moi! Arrêtez avec votre venin par Merlin! Allez emmerder d'autres familles avec vos questions à la con! » Lâcha-t-elle entre ses dents en donnant un coup d’épaule à un journaliste qui s’était littéralement jeté sur elle. Elle faisait de son mieux pour garder contenance mais c’était bien plus difficile que prévu, l’image de son frère dans son esprit lui faisait monter les larmes aux yeux et elle n’arrivait pas à croire qu’elle ne le reverrait plus jamais. Difficile d’être la sœur d’une star du Quidditch… Surtout lorsque la dite star venait de décéder… Un match trop violent, trop de coups, un mauvais coup et s’en était terminé… Devant ses yeux il était tombé et il ne s’était jamais réveillé. Dès qu’elle ferme les yeux, elle le voit tomber à nouveau. Grognant en y repensant elle accéléra le pas, dépassant toute la horde de journaliste et transplana jusqu’au château des Ainsworth, là où elle pourrait être seule, là où elle pourrait craquer. A peine elle arrivait que des larmes coulaient déjà abondamment sur ses joues. Rien ne serait plus comme avant... Il n'était plus là, comment pourrait-elle avancer désormais?

Manoir des Ainsworth, 10 ans « Amadeus dépêche-toi j’vais te battre ! Encore ! » S’exclama la jeune fille d’une voix enjouée en détalant à travers les arbres. Ses longs cheveux bruns voletaient derrière elle tandis qu’elle incitait son frère à la rattraper. Sa course ne dura pas bien longtemps puisque bientôt les bras du jeune homme entourèrent son corps pour la soulever lui arrachant un léger cri amusé.  « Cours moins vite princesse, tu risques de te faire mal ! » Murmura-t-il à son oreille en l’ébouriffant du dos de la main. Laissant échapper un petit rire Saphryna se dégagea de la poigne de son frère, elle se remet à courir, cette fois à reculons, narguant son ainé d’un air mutin avant de répondre d’une voix forte une fois hors de portée : « C’est parce que t’as du mal à me rattraper que tu veux que je ralentisse ! » Rieuse, elle s’enfonce dans le parc de la demeure des Ainsworth. C’était les vacances d’été, Amadeus était rentré de Poudlard où il étudiait la magie et il fallait avouer que Saphryna avait attendu ça toute l’année, son frère lui manquait énormément et il lui tardait de le retrouver à chaque instant. Il avait toujours été son pilier, et le fait de ne plus l’avoir près d’elle à chaque instant installait un grand vide dans son cœur. Mais après tout, cela ne faisait qu’augmenter sa joie lorsqu’enfin, les retrouvailles arrivaient… C’était une journée normale au manoir des Ainsworth, une journée comme la bâtisse en avait vu des centaines, mais cela restait un de ses plus beaux souvenirs.  

Manoir des Ainsworth, 16 ans En sueur elle se redresse sur son lit, le regard hagard et les cheveux plaqués sur la nuque elle a le souffle court et la gorge serrée, elle regarde autour d’elle, dans l’espoir de croiser le regard apaisant d’Amadeus avant de se souvenir qu’elle ne le verra plus jamais. Un sanglot se bloque dans sa gorge lui arrachant un haut et le cœur et elle sent les larmes commencer à couler à nouveau sur ses joues, remplaçant à peine celles de la nuit, et de la soirée, celle de la journée qui avait précédé et de toutes les autres. Se levant doucement elle titube et tire d’un coup sec sur les rideaux pour que la lumière ne perce pas. Elle ne voulait pas voir l’extérieur, c’était tout autant de souvenirs qui lui revenaient en mémoire, elle n’en n’avait pas la force. Elle Dieu sait à quel point elle se haïssait à ce moment précis de dévoiler cette face de son être à celui qui pousserait la porte de sa chambre. Elle savait bien que personne ne le ferait mais elle ne supportait pas cette faiblesse. Ces larmes, ces cris, ces supplications et prières pour qu’on lui ramène son frère. Il n’aurait certainement pas voulu qu’elle pleure, mais elle n’arrivait même pas à s’arrêter, égoïste elle s’enfonçait dans sa tristesse ne laissant personne entrer dans sa bulle, pour essayer de refaire entrer le soleil dans sa vie, elle ne pensait plus qu’à ce qu’elle avait perdu, elle oubliait ce qu’il lui restait, la chance qu’elle avait d’être encore là, d’être entourée de gens qui l’aimaient. Egoïste et aigrie elle oubliait tout ce que son frère avait fait pour qu’elle soit heureuse, elle ne pensait qu’à sa tristesse et au manque qui lui trouait chaque seconde un peu plus le cœur. Mais, dès qu’elle aurait passé la porte, dès qu’elle offrirait sa présence au monde extérieur, plus personne ne verrai ses larmes, son désespoir, elle savait bien se cacher Saphryna, c’était comme si elle l’avait fait toute sa vie. Elle avait une fierté, une bien trop grande fierté peut-être, mais elle ne laisserait pas les autres la voir sous son plus mauvais jour. Amadeus lui en voudrait terriblement de se refermer sur elle-même de la sorte, elle  n’y pensait pas. Elle essayait de faire au mieux, pour survivre sans lui, sans sa présence à ses côtés jusque dans ses rêves et cauchemars, il n’était plus là, elle n’était pas sure d’y arriver sans lui…

Grande salle de Poudlard, 14 ans Elle jette un coup d’œil de l’autre côté de la salle espérant croiser son regard, il est concentré sur son devoir de sortilège et elle ne peut s’empêcher d’être attendrie en voyant ses yeux se plisser alors qu’il butte sur un mot, sa plume crissant sur le parchemin et son visage laissant apparaitre une pointe d’agacement. Sentant surement un regard sur son dos il redresse la tête, intrigué avant de la retrouver au milieu de tous ses visages, il lui lance un sourire, elle a l’impression de fondre mais se contente de rougir un peu et de se tourner à nouveau vers son devoir. Elle a une envie folle de se retrouver près de lui, et elle a l’impression que chaque heure qu’elle passe, obligée de l’observer de loin, depuis la table des serpentard, est une éternité. Elle jette un œil à l’horloge, elle a papillonné toute l’heure, l’amour rend idiot il parait.  Mais elle s’en fou, elle ne pense plus à grand choses si ce n’est lui. Les premiers émois de l’adolescence peut être mais elle se sent mieux quand il est dans la même pièce qu’elle. « Il te dévore des yeux depuis tout à l’heure Saph ! » Murmure une voix à son oreille. Sentant le feu lui monter aux joues elle baisse la tête comme pour disparaitre dans sa robe. Elle n’a jamais été timide Saphryna mais pour lui elle serait prête à le devenir s’il le fallait. Tout avait changé depuis qu’il avait, pour la première fois déposé ses lèvres sur les siennes, un baiser dérobé, timide, attendrissant qui lui avait donné l’envie d’un autre, et puis d’un autre, de sa main dans la sienne, de son regard plongé dans le sien et de toutes ses choses qui font d’eux un couple. Ce mot à une consonance étrange à ses oreilles mais elle pourrait bien s’y habituer.

Couloirs de Poudlard, 18 ans Elle entendait les bruits de couloirs, les murmures sur son passage, elle ne comprenait pas vraiment, au fond elle s’en foutait un peu. Ce n’était pas comme si on n’avait jamais parlé sur son dos… Depuis son entrée à Poudlard, nombreuses étaient les rumeurs qui avaient fleuries sur les lèvres des élèves la concernant. Il y avait celles concernant son changement radical de comportement lorsqu’elle avait compris que son physique était plus un avantage qu’une barrière infranchissable, il y avait celles qui concernaient son amitié, puis son couple, plus qu’improbable certes avec un poufsouffle, il y avait celles qui se délectaient avec une cruauté à peine dissimulée de la mort de son frère, cela ne l’atteignait pas. Quand on est une Ainsworth, on prend l’habitude de tout cela, elle en avait pris l’habitude, c’était comme si leurs paroles ne faisaient que glisser sur elle et ce même si parfois leur venin acerbe lui donnait envie de les étriper. Elle ne faisait plus dans la dentelle Saphryna, plus maintenant.  Parce qu’elle ne se laisserait pas dominer par toutes ces paroles, ni celles de ses camarades, ni celles des journaux, encore moins celles de ses parents qui, comme les barreaux d’une prison tentent de l’empêcher de se libérer, de voler de ses propres ailes loin de tous ces ordres, de tout ce qui a été prévu pour elle. Elle ne voulait pas d’une telle vie, elle ne voulait pas vivre de cette vie prémâchée, d’une vie réglée comme du papier à musique, elle voulait de l’aventure Saphryna, de l’imprévu, peut-être même des larmes si cela devait la faire se sentir vivante, et maintenant qu’Amadeus n’était plus là elle devait le faire seule. Mais cela ne la dérangeait pas, à part son frère, personne n’avait jamais compris ce dont elle avait besoin, enfin si… Il y avait Reid, mais désormais ils ne semblaient plus sur la même longueur d’onde… Il avait des réactions de plus en plus étranges, presque violentes… Pas envers elle, bien sûr que non, il n’oserait jamais, mais envers ses amis, masculins s’entend, et elle devait avouer qu’elle avait beaucoup de mal à le supporter. Elle entendait les murmures devenir de plus en plus forts, les regards de plus en plus insistants, c’était presque désagréable, même pour elle qui avait l’habitude d’être le centre de l’attention. Laissant échapper un soupir elle continua tout de même son chemin, dans l’espoir de se retrouver enfin seule. Mais, ce qu’elle découvrit au détour d’un couloir ne risquait pas d’arranger son humeur. Ouvrant de grands yeux devant la scène qui se déroulait face à elle, elle serra les poings rageuse avant de se diriger d’un pas assuré vers les deux jeunes hommes qui se battaient comme des lions sous le regard médusé d’une dizaine d’élèves. Grognant elle attrape le bras de son petit ami et le tire en arrière avec toute la force qu’elle peut, ne faisant pas attention au fait qu’elle risquait de se prendre des coups et s’exclama d’une voix forte en attirant fermement Reid vers elle : « Reid ! Arrête ! Mais laisse le bon sang ! » L’entrainant à l’abri des regards elle le plaque contre un mur avant de s’écrier d’un ton mauvais : « Mais qu’est-ce qu’il t’a pris putain ? Tu pètes des câbles en ce moment mon pauvre gars ! » Elle avait un mauvais pressentiment, comme une impression de déjà vu, comme si la situation lui rappelait quelque chose et qu’il se pourrait que cela ne se limite pas seulement à quelques bagarres idiotes. Ça lui faisait comme une boule au ventre, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à définir mais qu’elle faisait passer pour de la colère. Parce que oui, elle était en colère. Parce qu’elle comprenait très bien pourquoi il faisait ça, il l’avait toujours un peu surprotégée, avait toujours été un peu possessif, cela faisait son charme, elle aimait bien se sentir importante à ses yeux mais cela prenait de trop grandes proportions, il commençait à lui faire peur, elle  n’arrivait pas à mettre le doigt sur qui il lui rappelait mais cela n’annonçait rien de bon. Elle ne cherche même pas à entendre sa réponse, cela ne ferait que la conforter dans son énervement, alors elle se contente d’un regard noir et menaçant. Elle ne le supporterait pas longtemps… Elle lui avait déjà dit, il était en train de la perdre mais il s’entêtait dans sa bêtise. Elle l’aimait, elle en était sure, plus qu’elle n’avait jamais aimé un autre, alors pourquoi tentait il de tout gâcher ? Soupirant elle finit par le lâcher, ne pouvant pas s’empêcher de serrer les poings malgré tout et lui tourne le dos, elle ne compte pas rester là alors qu’elle sait très bien que cela n’arrangera rien, il était énervé et elle aussi, elle tenait assez à leur histoire pour ne pas en rajouter.

Manoir des Ainsworth, 6 ans « Pourquoi tu pars ? T’es pas obligé ! T’as pas le droit de me laisser comme ça !  » S’exclama t’elle sentant les larmes couler sur ses joues, donnant des coups sans vraiment savoir à qui, le visage enfoui dans le cou de son frère qui la serre contre lui du mieux qu’il peut, elle reprend, rageuse, la voix muée en un mélange de sifflements et de grognements sous l’effet de la colère et des pleurs : « Tu vas me laisser seule ! Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ? Je te déteste ! Quelques secondes déstabilisé par les dures paroles de sa petite sœur, Amadeus ne réagit pas lorsqu’elle se dégagea de son étreinte, se précipitant à l’intérieur, loin de lui. Elle se sentait trahie, terriblement trahie, elle aurait voulu qu’il n’existe plus, qu’il disparaisse à jamais, pour ne plus avoir à penser au fait qu’elle devrait le partager avec tous ces gens. C’était son frère, à elle et à personne d’autre, mais il avait l’air plus que ravi de rejoindre cette école, il avait l’air ravi de s’éloigner d’elle, de faire d’autres rencontres, de partir. Cela la rendait malade, pourquoi n’était-il donc pas aussi heureux avec elle qu’elle l’était avec lui ? Elle ne lui suffisait donc pas ? Elle pensait pourtant qu’ils étaient comme les deux doigts de la main, et que ça serait toujours comme ça… « Princesse ? » Murmura-t-il poussant doucement la porte de la chambre où Saphryna s’était réfugiée. « Va-t’en ! Je ne veux plus jamais te revoir ! » S’écria-t-elle sans lui accorder un regard, faussement plongée dans la contemplation du parc à travers la fenêtre. Comme pour faire écho à sa colère, le vent s’était levé dehors, faisant claquer les branches des arbres contre les vitres. « Saphryna… Je rentrerai tous les étés… Et pour les vacances… Je t’écrirai toutes les semaines, je t’enverrai des bonbons… Princesse je t’en prie, ne m’en veux pas… » Tournant la tête vers son frère, passant ses mains sous ses yeux pour en faire disparaitre les larmes elle se rapproche un peu de lui avant de demander à nouveau : « Tu me promets ? Tu me promets que tu ne me remplaceras pas ? Que tu ne m’abandonneras pas ?  » Elle ne voulait pas le perdre, pour rien au monde elle ne voudrait le perdre, alors, malgré son égo piqué au vif, elle ferait avec. Laissant échapper un soupir de soulagement, comprenant qu’il avait en quelque sorte gagné la bataille, il attrapa sa main et l’attira vers lui pour la serrer dans ses bras. Caressant sa nuque du bout des doigts il la berça doucement le temps que ses sanglots s’arrêtent. Malgré tout ce qu’elle pouvait croire après qu’il lui ait annoncé son départ pour Poudlard, il ne voulait pas l’abandonner, c’était sa princesse, son trésor le plus précieux et s’il avait pu attendre qu’elle ait elle aussi onze ans pour partir étudier dans l’école il l’aurait fait, pour ne pas l’abandonner, pour pouvoir être à ses côtés lors des meilleurs et pires moments de sa vie, parce qu’il savait très bien qu’ils finiraient par s’éloigner l’un de l’autre… Comme si déjà, à ce moment-là il savait qu’il ne la verrait pas devenir femme. Malgré tout, pour la rassurer, la préserver encore quelques temps, il dit dans un souffle : « Je te le promets princesse… »

Quartier de la tamise, Londres, 21 ans Elle ne ferait pas la même erreur que son frère, elle ne promettrait rien, parce que désormais elle savait à quel point la vie pouvait être injuste, et dure, et elle ne ferait aucune promesse qu’elle n’était pas sure de pouvoir tenir. Elle ne le regarderait pas, c’était encore bien trop douloureux. Elle se souvenait encore de ce jour où ils avaient convenu qu’il valait mieux pour eux deux qu’ils se séparent, elle avait fait la fière, elle avait fait comme si cela ne l’atteignait pas, elle avait préféré écouté son cerveau plutôt que son cœur et ne l’avait pas retenu pour un dernier baiser quand il lui avait tourné le dos. Pourtant elle en avait envie, toutes les fibres de son corps lui hurlaient de ne pas le laisser ainsi partir, mais elle ne l’avait pas fait. Et encore aujourd’hui, sentir la présence de Reid Estermont à ses côtés lui donnait l’envie de se jeter dans ses bras. Mais encore une fois, elle ne le fit pas, c’était mieux, pour elle comme pour lui. Surtout pour elle après tout… Il avait l’air de plutôt bien vivre leur séparation, lui. Mais bientôt, elle ne le saurait même plus, elle ne le reverrait plus avant des années peut être… C’était ça qu’elle voulait lui annoncer, qu’elle partait et cela lui donnait la nausée. Pendant des années elle s’était battue pour faire ce qu’elle voulait de sa vie, pour ne pas reproduire le schéma qui lui semblait déjà avoir vécu. Elle avait voulu rendre son frère fier d’elle, lui montrer  que malgré le fait qu’il ne soit plus là, elle honorait sa mémoire en suivant ses rêves… Elle avait totalement échoué et elle se dégoutait. Obligée de suivre son père en Russie, pour s’occuper de la politique internationale, pour régler des problèmes d’ordres diplomatiques, quelle idée avait-elle eut d’accepter ce poste au ministère ? S’il y avait bien quelque chose qui la répugnait, c’était la politique, et surtout les politiciens… « Je vais partir Reid, en Russie, peut-être un an, peut-être plus… Mon père a besoin de moi là-bas, du coup… Je le rejoins à la fin du mois. » Elle marque une pause,  jetant un regard à la dérobé vers Reid qui ne laissait pas apparaitre la moindre émotion, il n’avait pas de réaction, comme si cela lui était égal. D’un certain point de vue, elle préférait ça, elle ne voulait pas avoir à subir une nouvelle crise, elle ne voulait pas le faire souffrir, c’était mieux comme ça. « Je voulais juste te prévenir… Juste pour… » te revoir Oui, c’était peut-être pour ça qu’elle lui avait demandé de venir ce jour-là, pour revoir son visage, sentir à nouveau son odeur qui l’avait tant enivrée durant des années, peut être profiter d’une accolade ? Elle l’espérait.. « Juste pour quoi Saph ? Pour profiter une nouvelle fois d’avoir mon cœur entre tes mains ? C’est ça ? » Demanda-t-il soudain, faisant manquer une respiration à la jeune femme qui se retourna enfin vers lui, le regardant dans les yeux pour la première fois depuis qu’ils s’étaient rejoint. Elle espérait y trouver toute la malice qui caractérisait son ancien compagnon, elle espérait voir un sourire mutin se dessiner sur son visage tandis qu’il se moquerait gentiment de la tête qu’elle faisait, mais elle ne trouva rien de tout ça, il évitait son regard, se tournant vers l’étendue d’eau qui bordait le chemin sur lequel ils se baladaient encore il y a quelques mois, main dans la main et amoureux comme au premier jour… Restant quelques secondes comme paralysées par la surprise, elle finit par s’approcher de lui, timide tout d’abord avant de déposer une main mal assurée sur son épaule pour le forcer à la regarder : « Reid… Non… S’il te plait ne me prend pas pour un monstre ! » Elle ne savait même pas quoi lui dire, elle avait juste envie de faire disparaitre cette lueur de dépit, presque de dégout qui avait pris la place de l’amour dans ses yeux.  Mais elle savait bien qu’elle n’y arriverait pas… Mon amour.. « Reid… Je t’en prie, ne m’en veux pas… » Murmura-t-elle la voix soudain enrouée dans les sanglots, comprenant qu’elle l’avait surement perdu pour de bon. Il ne répondit pas, il ne répondit plus, ce fut la dernière fois qu’elle le vit pour presque trois ans. Si, une tonne de lettres non envoyées s’accumulaient près de son lit, des palabres maladroits dans lesquels elle exprimait dans toutes les langues qu’elle connaissait son regret de l’avoir perdu, son regret d’être loin de lui et de ne pas l’avoir écouté lorsqu’il lui avait demandé de le suivre loin de l’Angleterre et de ses parents… Elle regrettait tout cela, surtout maintenant.

Volière de Poudlard, 17 ans Le froid de l’hiver s’était installé sans y paraitre sur le château de Poudlard et c’est emmitouflée d’un épais manteau que Saphryna avait rejoint la volière. Pas qu’elle ait besoin d’envoyer une lettre, mais, elle savait que peu d’élèves auraient l’idée de la chercher là-bas, elle avait besoin d’être seule, loin des vipères de serpentard, loin de tous même. Durant ces moments-là, la seule personne qu’elle aurait voulu voir était Amadeus, mais il était loin, elle suivait son évolution dans l’équipe de quidditch d’Angleterre mais c’était difficile pour elle de ne plus l’avoir à ses côtés… « Saphryna… Tu es là… » Murmura un jeune homme en sortant de l’ombre enlaçant la jeune femme faisant glisser ses lèvres dans son cou offert. Sursautant, Saphryna ne réagit pas de suite, et, le prenant comme une invitation à continuer, il la serra un peu plus contre lui, espérant arriver à dépasser la barrière des vêtements qu’elle portait. Mais elle, ne l’entendait pas de cette oreille, repoussant avec force son compagnon elle réajusta ses habits rapidement avant de lui lancer, sifflante : « Ne m’approche plus ! Je t’ai déjà dit non Erwan ! »  Erwan, son petit ami actuel, juste une passade surement, pour ne pas être seule jusqu’à ce que Reid et elle puissent se retrouver dans la même pièce sans avoir envie de s’étriper. Et Erwan le savait bien, c’était peut-être pour cela qu’il voulait en profiter le temps que cela durerait, mais il était trop entreprenant au gout de la jeune femme, qui s’était promis de ne jamais se laisser dominer par un homme, ni par quiconque d’autre et ce n’était pas ce petit coq qui allait la faire dévier de ses convictions. « Tu ne disais pas ça la nuit dernière… Aurais-tu oublié ? » Susurra-t-il d’une voix mielleuse caressant la joue de la vipère du dos de la main : « Erwan arrête ! Laisse-moi ! » S’énerva t’elle en le repoussant avec plus de force et de rage. Bien sûr qu’elle se souvenait, elle n’oubliait jamais les nuits passées différents amants, et sa peau, marquée par les ongles et les dents de sa dernière conquête, Erwan n’avait jamais été d’une douceur incarnée, mais, lorsqu’il avait bu un verre de trop dans les cachots, comme ce soir-là, il était difficile de l’arrêter, et elle le savait bien. « Tu reviendras me voir quand tu ne sentiras plus l’alcool à vingt mètres, je ne suis pas l’une de tes petites putes que tu peux posséder à ta guise dans les coins sombres du château, ne l’oublie jamais ! » Grogna-t-elle en le poussant contre le mur avant de quitter rapidement l’endroit, préférant se retrouver le plus rapidement possible au milieu de la foule. C’était fou comme une simple rencontre pouvait changer du tout au tout le déroulement d’une soirée.

Hôtel particulier en Russie, 23 ans Il était loin le temps où Saphryna l’impétueuse remettait à sa place un amant un peu trop pressé, mais elle ne voulait pas y penser. Elle se dégoutait déjà assez, pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Alors, elle se contenta de sourire buvant doucement son verre tout en laissant innocemment vagabonder ses doigts ses les épaules et la nuque de l’un de ces hauts dignitaires russes qui la tenait par la hanche comme pour exposer sa propriété privée. Alors qu’elle n’était pas du tout sa propriété. Enfin, peut-être qu’elle l’était en fait, l’espace d’une soirée, sur les ordres de son père, elle devait le mettre dans ses petits papiers, si ce n’est le mettre dans ses draps, pour lui soutirer des informations, pour qu’il ne puisse presque rien lui refuser, pourquoi pas pour le faire chanter, toutes les raisons étaient bonnes pour que son père justifie le travail qu’il lui donnait depuis deux ans maintenant. Et il se foutait de savoir qu’elle n’était pas d’accord, que cela la gênait, que ça la répugnait même, qu’elle se sentait salie, terriblement salie et qu’elle avait du mal à se regarder dans la glace sans s’imaginer leurs mains se baladant sur sa peau, la souillant sans même y faire attention, parce que c’était un objet pour eux, ils l’avaient achetée, pour quelques heures ou une soirée et elle devait leur obéir, ou du moins répondre à leur désirs, sans même qu’ils les énoncent. Elle devait les cerner, comprendre ce qu’ils voulaient d’elle, un peu de compagnie, de la discussion, une femme pour les accompagner à une réception, ou une activité plus rapprochée pour tromper la solitude. C’était ceux que son père appréciait le plus, parce que les confidences les plus importantes se faisaient plus facilement sur l’oreiller… « A quoi penses-tu chérie ? » Demanda l’homme en l’attirant un  peu plus contre lui, déposant un baiser sur sa tempe comme le ferait un mari protecteur. Laissant échapper un léger sourire, presque pas forcé, presque sincère parce qu’elle savait bien qu’il était respectueux, c’était un de ces hommes qui rendait son travail moins désagréable, il avait une discussion agréable, il ne la traitait pas mal et était même presque une figure amicale dans ce monde de brutes. « A rien d’important, ne vous inquiétez pas… » Murmura-t-elle à son oreille en caressant le dos de sa main avec une tendresse non dissimulée. Elle ne tenait pas à le faire chanter, il était au courant de son rôle de toute façon, elle le lui avait avoué après leurs premières rencontres, il ne lui faisait pas ce genre de confidences, rien qui pourrait le mettre dans l’embarras, car son père apprenait tout d’une manière ou d’une autre, il savait être persuasif… Mais ce n’était pas le cas de tous ses clients, elle finissait par en haïr la plus part de la considérer comme une chienne, de passer leurs nerfs sur son corps, ou juste seulement de se vider sans plus de cérémonies. La plus part d’entre eux seraient pris à leur propre jeu, parce que si elle ne pouvait pas se soustraire à cette tâche, elle pouvait se venger, de son père et de ces clients, de ces hommes qui se servaient d’elle… Mais elle n’en restait pas moins l’une de ces petites putes qu’elle dédaignait il y a encore quelques années…