« Regarde le ciel qui s’étend dans toute sa splendeur, empli d’une magnificence royale. Tu as vu ce gratte-ciel qui chatouille les nuages ? Oh et l’oiseau qui bat ses frêles ailes et s’élance sans un bruit. Tu crois que le monde est meilleur vu de haut ? Un jour, j’apprendrai à parler au vent pour qu’il me souffle dans le creux de l’oreille qu’il veut bien que je navigue dans les cieux. Je lui troquerai mon âme pour survoler l’océan, et lui abandonnerai mon cœur pour goûter de plus près à la chaleur du soleil. Un orage, éclatant de force, viendra troubler mon envol, et je tomberai de milles pieds avant qu’un courant d’air chaud me recueille en son sein. Je serai amoureux de la lune et lui chanterai des mots doux mais mon amour sera vain, un astre ne choisit pas comme amant une femme. Alors je redescendrai sur terre pour affronter mon enfer, à l’instar d’un ange à qui on a coupé les ailes. Je perdrai goût à la vie, et je rêverai sans arrêt à ma douce, qui posera sur moi ses yeux aux reflets argentés. Je m’élancerai alors dans un combat acharné. Ange déchu tu veux donc retrouver tes ailes ? J’étendrai mes bras et offrirai mon corps aux éléments, qu’ils se bataillent mon corps si ils le désirent, ce n’est pas important. Je m’élancerai alors, dans un cri de désespoir honteux, criant à la lune de me sortir de là. Et sans même pâlir ni bouger, elle me laissera m’écraser contre la pierre, dure et froide. Ange tu es devenu mortel. »

Le vent s’engouffra dans mes cheveux soyeux, les faisant glisser doucement sur l’air frais qui m’enveloppait. L’herbe humide se soulevait tout autour de moi, m’entourant d’une brise légère coulant sur ma peau tel un brasier de lave réchauffant votre corps. Je sentais les petites particules de vent taper sur mon visage, comme un fouet de cotons laissant pour seule trace les douces caresses de cette eau s’abattant tour à tour au contour de ma bouche rosée par le froid, de mon nez rouge pivoine et de mes yeux couleurs de noix. Ces mêmes yeux transpercés par les quelques rayons de lumière orangés passant ça et là entre les nuages et j’apercevais cette clarté qui ne pouvait être que le souvenir d’un ange devenus mortel. A cet instant, le flot de pensée dégoulinant en moi, je me souvenais de ce visage dont les contours tracés au crayon fin sur cette couverture de cuire. Et je revoyais les lèvres du vieil homme bouger aux rythmes des mots, prenant la forme du vent, du soleil et de la lune. Devenant, chacun à leur tour, brise, chaleur et eau. Je percevais dans ce son, les éléments se déchaîner, voulant s’élancer là haut, où l’horizon devient beauté. Où les anges devenus mortel reposent en paix parce que l’histoire est finie et que les mots se sont arrêtés. Le vieil homme est parti laissant son livre à mes côtés. Le laissant là, à l’image de celui qui ornait cette agitation. J’admirais ce portrait durant des heures, minutes par minutes, secondes par secondes. Et le tic tac de l’horloge prenant la forme de la pluie s’abattant sur le sol qui tremblait sous la force du torrent. Dans une dernière petite fraction de temps, je me relevais à l’aide de mes petites mains encore toute tremblante de cette émotion. Et pas à pas je quittais la petite clairière et rentrais chez moi pour déposer ce livre bien au chaud dans le tiroir d’une fillette de quatre ans qui ne souhaitais qu’une chose : avoir force et courage de vivre et aimer comme son personnage préféré.



« On a tous des trucs dont on évite de parler » Ma mère m’avait fait comprendre tout l’été que si je n’allais pas à Serpentard, je serai certainement reniée de la famille. C’est sous un silence de plomb que je me suis avancée vers le chapeau magique, ce chapeau marron très laid. Lorsque je me suis assise, j’ai vue le regard de mon frère, souriant. Il était conscient de la peur qui me tiraillait le ventre. Les enfants des amis de mes grands-parents me regardaient aussi, tous me regardaient. Les sangs purs qui voulaient que je rejoigne Serpentard, et ces nés moldus, à qui je ne devais pas adresser la parole. C’est alors que le chapeau prononça un seul mot, qui me sauva la vie, ou scella mon destin. « Serpentard ! ». Le silence de plomb laissa place aux tonnerres d’applaudissements. L’orage ne faisait que commencer. J’ai évolué au sein de cette maison comme dans mon propre manoir. Je respectais les règles. La différence, c’est qu’ici, beaucoup d’autres élèves me respectaient aussi. Certains. Car je ne vais vous cacher qu’avec la guerre en devenir, l’ambiance au château était tendue. Une trouille immense s’était emparée de moi au fil des années. Alors oui, j’avais plus de liberté, on me faisait confiance, mais je n’en profitais pas. Je devais faire honneur à mes parents, à ce qu’ils avaient tenté de construire. Et même si je discutais parfois avec quelques sang-mêlé aux idéaux des sangs purs, jamais il ne m’était arrivé de me mélanger aux autres. Je n’étais pas comme les autres, j’étais une descendante Heathcote. Je devais suivre la vie qui avait été décidé pour moi, ou je perdrais tout. Je me passais, et me repassais, toutes ces pensées en boucles dans ma tête. Finalement, je n’étais pas si mal à Poudlard. Ce château était une forteresse de pierre, elle protégeait mon cœur, elle me protégeait moi. A Poudlard, je pouvais à présent être presque tout ce que je voulais. J’étais en sureté. Un peu comme si l’on m’avait mise sur une ile, comme si j’attendais le bateau qui m’enverrait en enfer. Le calme avant la tempête. Poudlard, l’œil de mon ouragan. Qu’adviendrait-il lorsque je sortirai de Poudlard ?


« I am addicted to you » Je savais que ça ne pouvait être que lui. Louis Heldington.  J’avais toujours eu l’impression de le comprendre et au fond, j’avais toujours su que nous étions fait pour être ensemble. A Poudlard, je m’autorisais toutes les choses que mes parents m’avaient interdites pour mon « éducation ». J’étais devenu une petite joueuse, fêtarde, profitant des garçons. Mais je n’avais jamais rien tenté avec Louis, comme s’il ne fallait rien faire de stupide avec lui. Il paraissait plus important. Je ne sais ce qui a provoqué ce déclic ce soir là, mes jambes se sont mises à avancer seules vers lui. « Salut ! ». J’avais à peine entendue le son qui était sortie de ma bouche. Je me souviens juste de ce mini pari qu’il a lancé, puis je me sui retrouvée sur son balai. C’est ainsi que notre histoire a commencée. Dans les airs, au plus proche du ciel et des nuages, infinie. Il n’y avait alors plus que lui, ma vie n’a tournée qu’autour de lui depuis que je l’ai rencontré. Ca n’a pas été facile tous les jours, avec cette guerre se fut même très difficile. Mais nous étions ensemble.



« You know you made my eyes burn. » On aurait dit qu’un immense drap de soie blanche recouvrait l’Angleterre. On pouvait sentir la froideur de son toucher, la douceur de sa caresse sur les peaux nues des visages. Un paysage si innocent n’aurait permis à personne de douter que le mal habitait à Londres. Le froissement d’une cape noire sur la neige d’hiver passa inaperçu. On entendit seulement le plissement du tissu trop rugueux qui accrochait sur le sol blanc. Une immense maison se tenait au coin de la rue, surplombant de plusieurs étages les habitations aux alentours. On aurait dit qu’elle prenait le pouvoir dans ce petit quartier londonien, si bien que les passants devraient se retourner pour l’admirer. Mais personne ne semblait y prêter attention, comme si elle était invisible aux yeux de tous. Ce n’est qu’un souvenir. Je me souviens de cette maison où il venait me voir en hiver, je me souviens de ces soirs que la chaleur de ses baisers rendait chauds. J’ai décidé d’aller le retrouver. Je ne me suis pas engagée auprès des chevaliers de l’émeraude à sa demande. Pourtant j’aurai du, j’aurai pu l’aider, j’aurai pu l’empêcher d’aller à Dumstrang, l’empêcher de me quitter. Alors je suis partie réparée mes erreurs, je suis partie le retrouver. C’est là qu’ils m’ont capturée. C’est pour ça qu’il a risqué sa vie, pour me libérer. C’est pour cette raison qu’il est mort.

Je revois cette maison. Cette neige. Ses baisers. Puis je ne vois plus rien. Je me sens partir, je vais le rejoindre. M’ôter la vie par amour, aura été l’acte le plus courageux et le plus merveilleux de toute mon existence. Je suis cet ange. Attends moi, Louis.

« l’innocence de l’enfance. » Le soleil était éblouissant à travers la fenêtre de ma chambre. Je venais d’ouvrir les yeux, je sortais à peine du rêve magnifique qui avait occupé mon esprit toute la nuit. Hier soir, après que mon père m’ait couché, ma mère était venue me lire une histoire. J’adorais les histoires, je détestais devoir me coucher mais j’adorais l’histoire qu’on me lisait tous les soirs, juste avant. Parfois, j’essayais de feinter, je demandais une histoire puis je rejoignais mon frère dans le salon disant que je n’avais absolument pas sommeil. Dans ces moments là, mes parents essayaient de sévir. Hier soir, encore, ma mère voulu me priver d’une deuxième histoire car je n’aurai pas du me relever. Elle tint sa punition, mais mon père, lui, eu plus de mal. Je l’avais regardé des yeux suppliants, essayant de ne pas éclater de rire, et j’avais eu droit à ma deuxième histoire. Un rire cristallin sortie de ma bouche en y pensant. Je jetais mes draps au pied du lit d’un coup de pied, après une galipette, je me levais en sautillant. Mon grand frère était rentré de Poudlard il y a seulement quelques jours. Et la maison était devenue tout d’un coup plus agité, ce qui n’était pas pour me déplaire. Je boudais tous les jours dans l’espoir que mes parents convaincraient la directrice de me faire rentrer avant tout le monde. Après tout, nous étions une famille de sang pur très respectée. Cependant, je n’avais pas la tête à bouder ce matin, je voulais juste m’amuser sous ce beau temps. Je descendis les escaliers en courant, fonçant dans une masse, sans pouvoir l’éviter à cause de ma vitesse et de mes réflexes encore trop jeunes. Deux bras forts me soulevèrent, je ris à m’en déchirer les cordes vocales. « Papa ! Papa joue au balai avec moi, s’il te plaiiiiiiiit. » dis-je en regardant mon balai joué, ainsi que son propre balai sur lequel je ne pouvais malheureusement pas monter. Et ce n’est pas faute d’avoir essayer ! « S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ! » continuai-je en sautillant de plus belle partout autour de lui, lui tirant la main pour qu’il me suive absolument. Il se baissa, un grand sourire aux lèvres. « Papa doit travailler ce matin ma chérie. Mais je te promets que cette après je jouerai avec toi, en attendant, va déjeuner. » me dit-il en insistant sur la fin de la phrase, me désignant la cuisine. Ma mère me regardait en souriant. « Peut-être que ton frère voudra jouer avec toi. » rajouta mon père. J’entendis à peine, me précipitant vers la cuisine en m’asseyant sur une chaise. Je fis un câlin à ma mère au passage. James fit exprès de piquer mon assiette en croquant dans un pancakes. Je me tournai vers ma mère, prenant une mine, comme s’il s’agissait d’une situation scandaleuse. « Mamaaaan ! James a croqué dans mon pancakes ! » râlais-je en croisant les bras. Elle se retourna furieuse, ses longs cheveux blonds scintillant grâce aux rayons de soleil qui traversaient la fenêtre. Elle n’eut rien besoin de dire, James monta immédiatement dans sa chambre dans un silence de plomb. Le reste de la journée se déroula comme toutes les autres : entre les rires, les cris, les jeux, les bêtises. La joie. L’amour. L’enfance. Merveilleux.



« Poudlard, objet de mes rêves. » Le moment tant attendu, enfin arrivé. Toute la maison était agitée. James ne parlait que de ses amis, il lui pressait de les retrouver, on ne pouvait pas le faire taire. Ma mère faisait des aller retours dans nos chambres, nous donnant des instructions, vérifiant nos valises. Je regardai tous ces va et vient avec amusement, et en même temps, plus ils s’agitaient, plus le départ approchait et plus j’avais une boule au fond du ventre. Mon père l’avait bien remarqué puisqu’il m’observait avec beaucoup d’attention. Même James avait pris soin de ne pas se moquer de moi. Et pourtant, il adorait me taquiner gentiment. Mon été s’était passé relativement bien, j’étais restée une semaine chez mes grands-parents, et une autre semaine chez ma tante. Nous étions ensuite allé en France rendre visite à des amis de mes parents. Mon père s’assis à mes côtés en observant la photo où l’on voyait tous ces visages familiers bougés en affichant de grands sourires à droite et à gauche. Ma famille. « Tu n’es pas contente d’entrer à Poudlard Mia ? Cela fait des années que tu nous en parles. » me dit-il. J’avais grandi sous les histoires du monde de la magie et donc, de Poudlard. J’avais vu des photos, entendu mon frère et ses amis, en parler comme étant le meilleur endroit de la terre. Je baissai les yeux. « Si, il me presse beaucoup. Mais … » je tripotai mes mains. Certes, la répartition m’inquiétait, mais ce qui m’inquiétait le plus, c’était d’être loin de tout le monde. Mais yeux se posèrent sur le cadre une nouvelle fois. Mon père avait compris. « Tu sais, tu pourras nous écrire dès que tu le souhaites mon cœur. Tous les jours si tu veux. Je t’enverrai souvent des hiboux d’accord ? » Dit-il d’un ton rassurant. Puis il reprit avec un sourire. « Tu verras, tu t’amuseras tellement, que tu en oublieras presque tes parents ! ». J’eus un rire franc, joyeux. Mon père allait me manquer, ma mère aussi. Mais la première année à Poudlard fut une des meilleures de la vie. La découverte. Le bonheur. L’apprentissage. Magique. Puis je me suis souvenue …



« Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez vous plutôt pourquoi ils ne le deviennent pas. » Je me suis toujours souvenue de ma vie antérieure. En fait, je n’en avais juste pas conscience. Etant petite, ma vie fut heureuse, pleine d’amour. Nous étions une famille de sang pur certes, mais mes parents avaient abandonné depuis longtemps les vieilles traditions. Mon frère et moi n’avons pas été élevés dans la souffrance, bien au contraire, et nous serons libres d’épouser la personne que nous voudrons. Mais mon enfance fut hantée par une autre forme de magie. Je rêvais. Je rêvais d’une vie antérieure. Je n’avais jamais vraiment compris pour les rêves que je faisais étaient si cohérent, pourquoi ils ressemblaient tant aux histoires que l’on me racontaient sur l’histoire de notre monde. Je pensais à un monde imaginaire, peut-être que Cassiopée, la fille que je voyais dans mes rêves n’était que la sœur jumelle que je n’avais pas eut. Puis un jour, à Poudlard, j’ai compris. Je l’ai vue, je me suis retrouvée face à Louis … Théodore. Peu importe. C’était lui. J’ai commencé à réfléchir, à mettre tout bout à bout. Avec Cassiopée, nous avions eut une éducation différente mais nous vivions ensemble parfaitement, grâce à l’amour : celui pour Théodore. Le plus dur, ce fut pour James. Je ne pensais pas qu’il se rappelait du passée jusqu’à que je le vois se jeter sur Théodore. Il le prenait pour responsable du suicide de Cassiopée. Il pensait que si Louis n’avait jamais existé, Cassiopée serait restée vivante. Et il pensait, pire que tout, que si Théodore n’existait pas, je me porterai beaucoup mieux. James essaie par tous les moyens d’éloigner Théodore parce qu’il a peur … peur de perdre sa sœur. Il le sait, il sait que je n’hésiterai pas une seule seconde à donner ma vie, une deuxième fois, pour l’amour que je porte à Théo. Toute cette histoire devient tellement compliquée.



« Soyons extraordinaires ensemble, plutôt qu’ordinaire séparément. » Je regardais Théo sortir du lit pour se rendre au travail. En le voyant ainsi, je ne pouvais m’empêcher de penser à tout ce que nous avions traversé. A Poudlard, son refus continuel  d’accepter sa vie antérieure était assez agaçant, j’en étais devenue malade. Je me revoyais lui courant après dans les couloirs, me rendre à tous les endroits où il allait, essayer de lui parler pour n’avoir que quelques mots en guise de réponse … Je me revoyais essayer, encore et encore, de lui expliquer que j’étais amoureuse de lui, de Théodore, que notre amour n’était pas le fruit de notre vie antérieure. J’étais persuadée que même si nous ne nous serions rappelés de rien, nous aurions fini ensemble. Quoiqu’il aurait pu se passer, nous étions fait pour être ensemble. Puis un jour, ses parents sont morts. Au début, lorsque la guerre reprenait … Ce fut terrible. Je l’ai vue débarqué, ivre de colère, mais ce n’était plus Théodore, c’était Louis. Puis ce moi qui fut perdu. Louis était très différent de Théo, beaucoup plus vile et arrogant. Mais je l’aimais, ou tout du moins Cassiopée l’aimais. Cassiopée et moi ne formions qu’une seule et même personne, en grandissant nous sommes devenues semblables au point de se confondre. Pour moi, Louis, Théodore, cela ne faisait aucune différence. Mais Louis avait eu sa chance, il avait déjà vécu et j’aimais l’idée qu’il laisse sa place à Théodore pour qu’il puisse vivre sa vie. Puis un jour, il est parti. J’ai eu très peur, j’ai cru que Théo allait me fuir, qu’il ne voudrait plus rester avec moi et vivre cette vie bizarre et dangereuse. Il n’est pas parti, il est resté. J’ai peur de l’avenir, j’ai peur de la guerre … Pour l’instant, je reste neutre, seul compte mon amour pour Théodore et mon métier, je veux devenir une des meilleures auror, faire partie de l’élite. Je veux pouvoir me défendre, ce que je n’ai pas pu faire par le passé. Je ne sais pas vraiment si Théo en a conscience et s’il savait je sais qu’il ne serait pas d’accord. Mais cette fois je ne l’écouterai pas, je me battrai pour ne pas le perdre. Quand je devrai choisir un camp et je sais que ça arrivera, je ne sais pas ce que je ferai. Mon choix se portera vers Poudlard, immédiatement. C’était ma seconde maison. Mais si Théodore choisissait Dumstrang, ou si Louis prenait le dessus pour retourner à Dumstrang, je serai obligé de le suivre. Je ne le laisserai partir seul une seconde fois. Jamais.