L’alcool qui consumait ses veines, le rendant euphorique par la même occasion, faisait dangereusement tituber le sorcier à même la route moldue qu’il était en train de fouler d’un pas lourd et pesant. S’aidant parfois de l’épaule de son ami, Rohan faisait de son mieux pour mettre un pied devant l’autre, bien que ses sens furent totalement désorientés. Geignant tous les cinq mètres au sujet de la longueur du chemin, le jeune Garrigan n’avait fait que se plaindre depuis qu’ils étaient sortis du bar. Il fallait dire qu’il avait passé la journée à travailler et que, l’alcool n’aidant pas, il ne rêvait que d’une chose : un bon lit. Enfin, un bon lit ou encore plus d’alcool. Alors même qu’il ne tenait pas l’alcool, le jeune Garrigan ne semblait jamais en avoir assez. S’agrippant à la veste de Ciaràn comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage, le brun trébucha avant de s’affaler sur le béton dur de cette rue londonienne. Riant à gorge déployée, il roula sur son dos, se souciant peu d’être au milieu de la route, afin de fixer les étoiles. « T’as… t’as vu je viens de m’écraser comme une crèpe... J'ai faim. » Fixant son ami qui était mi-hilare, mi-consterné par sa remarque, Rohan cessa de rire conservant néanmoins un sourire en coin. En revenant vivre au Royaume-Unis, le sorcier ne s’était pas imaginé avoir la vie qu’il avait aujourd’hui. Il n’avait pas réellement cru que tout rentrerait aisément dans l’ordre. Cependant il ne s’était certainement pas imaginé que le monde tournerait à l’envers. Le jeune chercheur avait rencontré Ciaràn au Jolly Imp, buvant alors jusqu’à plus soif et partageant ses misères avec le pauvres serveur qui n’avait rien demandé. Ce soir encore c’était lui qui avait tiré son ami jusqu’au bar le plus proche afin de boire jusqu’à perdre là raison. Voila comment il s’était retrouvé là, allongé au milieu d’une route moldue à contempler les étoiles. C’est avec d’énormes difficultés et après de maints efforts que l’irlandais réussi à se remettre sur ses pieds aidé par son ami. Poussé par Ciaràn en direction de l’appartement de ce dernier, Rohan passa une main dans ses cheveux avant de dire la première chose censée de la soirée : « Elle va pas s’énerver si on rentre à cette heure ta coloc ? Puis elle ressemble à quoi, elle est belle ? Tu crois qu’elle voudra bien me laisser partager son lit ? » Le nez en l’air, disant ce qui lui traversait l’esprit, dans le fond il n’était pas vraiment sérieux, même si les choses auraient été plus aisée pour lui à penser comme ça.  
Lorsqu’ils arrivèrent devant le bâtiment de Ciaràn, Rohan se retrouva avec un sourire béats aux lèvres, s’imaginant déjà dormir sur le canapé ou bien fouiller les armoires de son ami après plus d’alcool. Une fois devant la porte, le sorcier posa sa tête contre le bois dur et froid en attendant que l’autre ivrogne ne trouve ses clés. « Dépêches toi un peu. » Souffla le brun tout en soupirant lourdement fermant ses paupières une seconde, son haleine empestait l’alcool qu’il avait consommé et ses habits ne sentaient pas bien meilleur. Au bout de quelques minutes, le brun ouvrit les yeux pour voir Ciaràn en train de chercher désespérément ses clés dans ses poches. Posant sa main sur l’épaule de son ami il lui offrit un léger sourire avant de dire : « Je m’en occupe. » Soulagé, l’autre ivrogne se disait surement que Rohan allait sortir sa baguette pour ouvrir la porte, mais il n’en fit rien. Reculant de plusieurs pas, l’irlandais se jeta vivement contre la porte, s’écrasant contre le bois plus dur que prévu dans un choc sourd. Le sorcier, malgré le bruit d'enfer qu'il venait de faire, ne se rendait pas compte qu'il allait réveiller tout le voisinage avec ses conneries. Une vague de douleur s’échappa de son épaule droite qui venait de violemment s’écraser contre la porte alors que le brun glissait au sol en geignant. « Par la barbe de Merlin ! Satané porte un jour tu seras réduite en petits morceaux et tu comprendras rien. Hein … HEIN ! Je t’entends pas porte, qu’est-ce que tu en dis ?! Je vais t’ouvrir, tu vas voir comment je vais t’ouvrir ! » S’égosillait Rohan tout en fixant méchamment la porte avant de la pousser comme s’il était capable de l’ouvrir sans la clé. Au bout d’un moment pourtant, le panneau en bois céda et la porte s’ouvrit devant les yeux émerveillé de Rohan qui s’apprêtait à faire entendre à tout le voisinage le récit excitant de son triomphe sur la méchante porte.  Sur le point d’ouvrir la bouche, il posa ses yeux sur Ciaràn avant de remarquer la clé qu’il tenait entre ses doigts. Malgré l'alcool troublant son esprit, il comprit vite que ce n'était pas lui, mais bien son ami qui venait d'ouvrir la porte.

Le sol tangue dangereusement et Ciaràn avance tant bien que mal, les yeux fixés sur ses pieds tant l’horizon lui paraît lointain. Les bruits alentours sonnent comme à travers du coton dans ses oreilles et les paroles de Rohan ne lui parviennent qu’à moitié et bizarrement l’ancien gryffondor soupçonne que ce ne soit pas la meilleure moitié. Encore dans ses vêtements de travail, il sent l’alcool à environ dix mètres et il ne cherche même plus à parler tellement son esprit est embrouillé. Soudain, il ressent une brusque poussée et il se retrouve à genoux, les mains en sang de s’être égratignées sur le bitume. Et il s’en fout. Et il en rit même.

- Mec, on est des épaves.

Et c’était le cas de le dire. Impossible de se rappeler de la dernière fois où il était rentré sobre. Il essayait tant bien que mal de faire un effort durant les heures de boulot mais sinon, dès qu’il n’avait plus rien à faire, il tâtait allègrement de la bouteille. Pour oublier. Et se voiler la face aussi. Il détestait cette situation mais ne pouvait non plus s’en dépêtrer. Et puis il avait été apostrophé par ce drôle de bougre qui avait fini par devenir son ami pilier de bar. Et c’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés là, tous les deux, ivre. Ils marchent encore dans les rues sombres, titubants. Certainement pathétique vu de loin mais ils s’en foutent joyeusement. Ciaràn rit sans pouvoir s’arrêter, l’effet euphorisant d’un fond de bouteille de vodka terminé cul sec.

- Elle va pas s’énerver si on la laisse dormir et …

Un instant Ciaràn s’arrête dans sa phrase comme si quelque chose d’important lui avait échappé et qu’il ne savait plus quoi. Impossible de s’en souvenir. Alors il hausse les épaules et répond :

- Tu verras elle est super jolie mais je pense qu’elle va te faire passer un très mauvais quart d’heure si tu tentes d’entrer dans son lit. D’ailleurs je sais même pas si tu es son type de mec…

Encore une fois il s’arrête, comme s’il venait de dire quelque chose qu’il ne fallait pas mais sans savoir quoi. Une impression dont il ne peut se détacher. Son cerveau embrumé essaie de faire le lien mais rien ne percute là-haut et il se met à chercher frénétiquement ses clés dans ses poches. Lorsque, dépité, il se tourne vers Rohan, il ne retrouve pas ses clés. Et là, il ne peut que constater que son comparse se jette à corps perdu sur la porte qui ne bouge pas d’un iota. Gosh. En un éclair il pense à Daegan et à sa réaction quand elle va constater qu’il est encore bourré, qu’il a ramené un ami bourré et qu’en plus ils frappent aux portes comme des désespérés.

- Mec si elle te répond tu es mon dieu mais j’pense qu’elle a pas l’air très disposée hein ?

Dans un simulacre, Ciaràn caresse la porte du bout des doigts mais elle semble frigide comme la mort et ne bouge pas d’un pouce. Et puis miracle. Sa clé était dans sa poche arrière et il ouvre la porte devant les yeux éberlués d’un Rohan qui doit croire à une opération du saint esprit :

- Mec si tu l’as réveillée on va s’en prendre une sévère …

Et il se met à rire comme un imbécile. La faute à l’alcool. Il ne sait plus. Il passe le seuil et essaie tant bien que mal de ne pas faire de bruit, du moins pas plus que ce qu’ils viennent de faire. Mais c’est peine perdue. A peine rentré, Ciaràn se prend les pieds dans un meuble qu’il ne pensait pas être là et c’est avec un fracas digne de la foudre de Zeus qu’il s’étale par terre de tout son long.

- Outch bordel j’dois avoir perdu toutes mes dents là. Rohan ramène-toi faut fermer la porte et se la fermer, faut pas réveiller ma coloc …

Il se redresse et allume d’un seul coup la lumière de la salle ce qui le fait cligner des yeux comme un hibou pris dans les phares d’une voiture. Et quand il tourne la tête pour chercher Rohan du regard, c’est des yeux bien plus inquisiteurs qu’il croise. Et soudain tout lui revient. Daegan et Rohan. Rohan et Daegan. Oups.

Dire que Daegan avait terminé sa journée ne serait pas tout à fait exact. Sortie comme d'habitude parmi les derniers du Ministère de la Magie, elle avait emporté avec elle quelques dossiers épineux qui méritaient toute son attention. Comptant bien sûr sur la discrétion de son colocataire pour travailler en paix, la jeune femme fut surprise de trouver l'appartement complètement vide. Il n'était pas étonnant qu'elle reste des heures voire des jours sans nouvelles de Ciaràn mais elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Profitant néanmoins de son absence pour se concentrer sur quelques affaires dédiées aux aurors, Daegan s'installa dans le salon et termina d'éplucher toute la paperasse qu'elle avait en sa possession. Surprise de constater que la nuit était déjà arrivée, la brune se leva du fauteuil où elle était confortablement installée afin de manger quelque chose. Tasse de café en main au bout de quelques minutes, elle se réinstalla sur le canapé et s'adossa contre le dossier. Soupirant profondément comme pour décompresser, elle évita de repenser à Garrigan qui avait resurgit dans sa vie au moment où elle s'y attendait le moins et se replongea dans ses notes. Luttant contre le sommeil qui se rappelait à elle, la jeune femme sombra dans les bras de Morphée sans même s'en apercevoir. Dormant paisiblement, son rêve fut interrompu d'une étrange façon. Sursautant en entendant un bruit sourd résonner dans la pièce, la jeune femme renversa le reste de café sur son chemisier et se leva immédiatement. Maugréant contre l'abruti qui se jetait sur toutes les portes qu'il croisait, elle attrapa un torchon afin de limiter les dégâts sur son haut mais sans succès. Posant son regard sur la porte, elle fronça les sourcils en se demandant si il pouvait s'agir de Ciaràn. Un Ciaràn bourré évidemment. Cherchant des yeux l'interrupteur afin d'éclairer la pièce, elle s'immobilisa aussitôt en voyant son cher colocataire entrer avec Rohan. Bouche bée, elle resta de marbre en voyant Ciaràn allumer la lumière. N'arrivant pas à croire qu'il ramène l'irlandais ici, elle fut d'autant plus furieuse en constatant qu'ils étaient tous deux bourrés. Croisant les bras sur son chemisier trempé, la brune fusilla du regard les deux nouveaux arrivants. « Non mais tu as bu quoi pour être dans cet état ? Surtout pour penser à ramener avec toi Garrigan ? » Daegan n'arrivait pas à croire que Ciaràn avait pu être stupide à ce point. Il était parfaitement au courant de ce qui s'était passé entre Garrigan et elle et devait par conséquent avoir bu beaucoup d'alcool pour parvenir à oublier ça. Désespérée, la sorcière leva les yeux au ciel et désigna Ciaràn du doigt. « Tu as intérêt à me débarrasser de Garrigan et ne compte pas sur moi pour nettoyer le vomi que tu pourrais disperser dans l'appartement. » déclara-t-elle d'un ton sans appel tout en évitant de poser ses yeux sur l'irlandais. Se retrouver en sa présence ne cessait de lui rappeler sa dernière visite et cela faisait remonter des émotions qu'elle désirait ne pas avoir. Elle avait tiré un trait sur Rohan au bout d'un certain temps. Cela avait été très dur mais elle y était parvenue. Faisant face seule, elle avait su se reconstruire progressivement et avait réussi à avoir une bonne place au Ministère de la Magie.

Rohan était complètement déchiré. Il avait bu tout son saoul et plus encore, suivant son ami qui tenait bien plus l’alcool que lui. Assis contre la porte, tentant vainement de la pousser, il était assez bourré que pour croire que c’était lui et ses bras exempts de force qui avaient réussi à ouvrir le passage. Se remettant sur ses pieds avec difficulté, l’irlandais tendit ses bras devant lui essayant de ne rien percuter. Hésitant à faire un pas, Rohan ne vit rien de la scène, mais entendit Ciaràn s’écraser contre un meuble. Ecoutant calmement son ami, le brun hocha la tête pour indiquer à son pote qu’il avait compris ce qu’il devait faire alors que tout deux étaient perdus dans l’obscurité. S’affairant comme il pouvait, c’est avec bien du mal qu’il arriva à refermer la porte, se débattant avec la clinche plus que de raison. Lorsque la lumière éclair la pièce, l’espace d’un instant Rohan vit trouble, ses rétines éblouies par tant de clarté. Couvrant ses yeux d’une main, il avança d’un pas, se cognant contre son ami avant de se prendre le porte manteau de pleine face. Grognant, il passa sa main sur lèvre inférieur légèrement entaillé à cause du choc. C’est alors que le jeune Garrigan se rendit compte de la présence d’une autre personne dans la pièce. Détaillant des yeux la jeune femme, il la dévorait totalement du regard. L’esprit embrumé par l’alcool et surtout occupé à refouler l’idée même de Daegan, le brun ne pu s’empêcher d’occulter le fait qu’il connaissait ses traits par cœur. Il faisait du mieux pour ignorer le regard accusateur de la jeune femme. Ignorer tout ce qui avait pu se produire entre eux et au contraire ce qui ne risquait pas de se reproduire. Essuyant les remarques de la brune en silence, Rohan ne pu s’empêcher d’ouvrir la bouche en gesticulant de manière trop exagéré pour dire : « Moi c’est Rohan. Pas Garrigan. Je suis une personne, j’ai des droits et j’ai soif ! » Face au regard enflammé et meurtrier de Daegan, le brun perdit tout de sa verve et décida de se cacher derrière la carrure de son ami. Ses mains posées sur les épaules de Ciaràn. Jetant à peine un coup d’œil par-dessus l’épaule droite de celui-ci, il croyait sincèrement être invisible aux yeux de tous dans sa cachette. Au bout de longues minutes qui lui parurent être des heures, le brun se pencha à l’oreille du pauvre Maxwell qui se retrouvait pris au cœur d’un remake de la page la plus sombre de l’histoire version les feux de l’amour. Essayant de murmurer discrètement à l’oreille de l’autre sorcier, Rohan se retrouva à lui crier dans l’oreille : « Elle me fait peur Ciaràn… pourquoi tu m’as amené chez mon ex ? Sur une échelle de haine allant de un à avoir un scroutt à pétard dans le pantalon elle me déteste encore plus ! » Retournant se cacher derrière le dos de son ami, évitant du mieux qu’il pouvait le regard méprisant et meurtrier de son ex-petite amie, l’irlandais ne pu s’empêcher de rigoler. Riant de plus en plus fort, le brun se laissa tomber sur les fesses en se tenant les côtes. Peu importait ce qu’il avait bu, ça lui faisait un effet fou. Des larmes aux yeux dues à son fou rire, le brun s’adressa au jeune Maxwell en disant : « Je suis totalement son type de mec, t’aurais pas pu te tromper plus à son sujet. Les mecs comme moi ça la branche à mort. » Continuant à rire comme un taré, Rohan ne prenait pas en compte les récentes conquêtes de Daegan. Il riait plus que de raison, ses épaules prises de sursauts à cause de ses éclats de rire. Le cœur n’y était peut-être pas, mais la volonté de le faire paraitre y était totalement.

Un battement de cœur. Presque anodin. Et il lui sembla que le monde lui dégringolait sur les épaules. Comme si en deux secondes il avait dessoulé de toute sa soirée passée au bar. Mais loin de là, il titubait encore quand il s’approche de Daegan dont les yeux furibonds ne le quittait pas. La boulette. Monumentale. Elle lui avait parlé de Rohan et ce plus d’une fois et il avait parfaitement saisi la rancœur que ce dernier lui inspirait mais son excès de boisson avait complètement occulté tout son jugement. Penaud comme un enfant qu’on rabroue, il baisse la tête sur ses pieds et se racle la gorge ensuqué dans un excès d’alcool fort. Il a la voix rauque a force d’avoir hurlé : la boisson le désinhibait à un point tel qu’il se mettait à invectiver n’importe qui et les extinctions de voix le guettait plus souvent qu’à son tour.

- Je euh…

Il essaye tant bien que mal de remettre en place son esprit chaotique. Et de se rappeler ce qu’il avait bien pu boire.

- Je me souviens plus de ce que j’ai bu mais il me semble que ça incluait un fond de bouteille de vodka et… autre alcool fort. J’me souviens pas de tout…

C’est à ce moment là que choisit d’intervenir Rohan. Il lui plaqua une main sur le visage pour qu’il la ferme le plus vite possible mais le mal était fait. Et le regard incendiaire que lui jeta Daegan acheva complètement de lui faire fermer sa bouche puisqu’immédiatement il partit se planquer derrière les épaules de Ciaràn qui, soudainement, se retrouvait dans la position d’un médiateur qui tente de protéger un otage. Un métier qu’il n’aurait aimé exercer pour rien au monde, il en était sûr maintenant.
Il ne put s’empêcher d’étouffer un rire nerveux quand, l’haleine chargée de relents d’alcool, Rohan vint littéralement lui déchirer les tympans en se lamentant sur son sort. Ils se mirent tous deux à rire comme des imbéciles finis. Il devait peut-être y avoir un peu plus que de la vodka dans ces shooters … Il irait éclaircir le mystère demain. En attendant il avait autre chose à gérer. Entre deux hoquets, il tenta de prendre un air de contrition qui malheureusement ne devait pas être du plus bel effet. Il aurait eu du mal à se convaincre lui-même.

- Je … Je me souvenais pas ! J’ai trop, trop bu ! Et aggrave pas ton cas on va se faire brûler vivant …

Il se retourna sur sa colocataire qui avait plus que toutes les raisons du monde de lui en vouloir.

- Je… Désolé vraiment, j’avais oublié…. J’avais oublié. Tu me connais maintenant hein ? Je suis pas un… Oh.

Son regard venait malencontreusement de se poser sur le chemisier de la jeune femme. Et il se détourna vivement, extrêmement gêné tout à coup. Il était en présence de sa colocataire et de l’ex de celle-ci et la tache de café qui était venue éclabousser le chemisier de Daegan avait eu un pouvoir… d’invisibilité. Il aimait beaucoup la jeune femme et elle avait prit une grande importance dans sa vie notamment parce qu’elle l’avait sorti de la rue, misérable qu’il était et il n’avait jamais pensé à elle de cette façon. Mais oui elle restait une femme.

- Tu heu… Tu … Tu deviens transparente. Enfin non ! Ton haut là, il devient transparent. Le café tout ça …

Il regarda Rohan l’espace d’une fraction de seconde pour constater si son état lui permettait de voir ce qu’il voyait aussi. Il doutait de sa propre perception des choses. En précipitation et en se prenant un ou deux murs au passage, il fila en cuisine récupérer un torchon qu’il lui tendit en prétendant regarder ailleurs.

- J’ai rien vu, rien du tout. Et je nettoierais le vomi s’il y en a mais  y’en aura pas. Et je nettoierais pas ton chemisier parce que c’est pas à moi de le faire…

Certes, ce n’était pas la première fois qu’il voyait une femme mais enfin là… non. Il tenta tant bien que mal de relever Rohan pour le balancer sur le canapé mais étrangement le corps de son pote de boisson semblait peser au bas mot une à deux tonnes.

- Je… Je le mets sur le canapé ? On va pas le mettre dans ton lit ce serait… Bizarre.

Il esquissa un sourire tout gêné. Cette soirée risquait, à son grand dam, de rester dans les annales. La seule chose qu’il voulait éviter, présentement, c’était surtout de devoir dormir dehors. Il y avait goûté et, étrangement, n’avait pas vraiment apprécié.

« Moi c’est Rohan. Pas Garrigan. Je suis une personne, j’ai des droits et j’ai soif ! » Patiente jusqu'à présent, Daegan inspira profondément afin de ne pas commettre de meurtre. Ignorant l'irlandais afin de se concentrer sur Ciaràn qui n'était certainement pas dans un meilleur état, elle écarquilla les yeux en voyant Garrigan se planquer derrière lui et lui murmurer quelque chose à l'oreille. Levant les yeux au ciel, la brune n'était pas du tout en état de supporter les gamineries de ses deux interlocuteurs. Fatiguée, elle ne pensait qu'à aller se changer et à dormir. Peu probable puisqu'elle devait gérer Ciaràn ainsi que son abruti d'ex petit ami. Les bras toujours croisés contre sa poitrine, elle manqua de frapper Rohan en l'entendant éclater de rire subitement. Ne comprenant pas vraiment les raisons qui le poussait à se comporter comme une hyène, elle haussa les sourcils en l'entendant s'adresser à Ciaràn. « Je suis totalement son type de mec, t’aurais pas pu te tromper plus à son sujet. Les mecs comme moi ça la branche à mort. » Se demandant un instant si il était sérieux, Daegan soupira en réalisant qu'il trouvait même cela très amusant. S'apprêtant à répliquer tout en ignorant les excuses de son colocataire, la jeune femme s'arrêta immédiatement en entendant ce dernier parler à son tour. « Tu heu… Tu … Tu deviens transparente. Enfin non ! Ton haut là, il devient transparent. Le café tout ça … » Levant une nouvelle fois les yeux au ciel, elle s'empara de sa baguette afin de nettoyer son haut. Satisfaite de voir son chemiser recouvrer son état initial, elle garda tout de même sa baguette en main avec une idée à la tête. Posant les yeux sur le torchon que Ciaràn alla chercher dans la cuisine, elle ne l'attrapa pas et se contenta de refuser d'un geste de la tête. « J’ai rien vu, rien du tout. Et je nettoierais le vomi s’il y en a mais  y’en aura pas. Et je nettoierais pas ton chemisier parce que c’est pas à moi de le faire… » Exacerbée par le jeune homme, elle réalisa avec amusement qu'il pouvait être apparemment plus agaçant étant bourré qu'en temps normal. Ne relevant pas, elle souhaitait juste que son colocataire aille se coucher et que Garrigan quitte son appartement rapidement. Suivant du regard Ciaràn, elle arqua un sourcil en le voyant ramasser Rohan qui se trouvait par terre. « Je… Je le mets sur le canapé ? On va pas le mettre dans ton lit ce serait… Bizarre. » N'arrivant pas à croire que Ciaràn la mettait dans cette position, elle le jaugea du regard avec sévérité et ennui. Il était absolument hors de question que Garrigan passe la nuit ici, que ce soit sur le canapé ou dans la salle de bain. « Il est hors de question que ton pote de beuverie passe la nuit ici. Que ce soit dans ma chambre ou sur le canapé. Tu fais ce que tu veux de lui mais débrouille toi pour qu'il parte. » Dédaignant poser son regard sur l'irlandais, elle leva sa baguette en direction de ce dernier et jeta un expedimenta. Amusée de voir Rohan s'élever dans l'air comme un ballon, elle fut soulagée de voir qu'il ne pourrait plus faire aucun mouvement et qu'il restera bloqué ainsi jusqu'à ce qu'elle le libère. Rangeant sa baguette dans sa poche, elle posa ses yeux sur Ciaràn. « Il restera ainsi jusqu'à ce que tu trouves une solution. » murmura-t-elle, inflexible. Tournant des talons, elle nettoya la café renversé et rangea ses affaires dans sa chambre afin qu'ils n'y touchent pas. Passant ensuite à la cuisine, elle fit chauffer de l'eau en ignorant les deux lutins derrière elle.

S’il n’avait pas été aussi alcoolisé, Rohan n’aurait certainement pas autant fait son malin. L’alcool aidant, le brun ne montrait pas le traumatisme qu’avait été leur dernière rencontre avec Daegan. Il riait, était à côté de ses pompes et agissait comme un gamin. Peut-être faisait il cela parce qu’affronter la réalité était bien plus dur. De toute manière, il n’aurait pas à y penser avant le lendemain matin. Il n’aura pas à s’en rappeler avant le futur mal de tête qui lui vrillera le crâne alors qu’il se demandera ce qu’il avait bien pu faire pour s’échouer là où il avait dormi. Le brun était une épave, touchant les profondeurs en compagnie de Ciaràn depuis plus d’une semaine déjà. En train d’étouffer tellement il riait aux larmes, Rohan trouvait l’air sérieux de son ami de beuverie encore plus hilarant que les quelques mots qu’il dit. Continuant à rire comme un fou, le brun suivit tout de même la conversation, incapable de se reprendre jusqu’à ce que le colocataire de Daegan ne souligne son chemisier en train de devenir transparent. Tout d’un coup, sans que personne ne comprenne pourquoi, le sorcier s’arrêta de rire redevenant soudainement sérieux. Fixant la jeune femme furibonde, il ne pu s’empêcher de sourire légèrement en se rinçant allègrement l’œil avant de dire : « T’aurais pas un peu pris de poitrine ? » Ciaràn qui tentait tant bien que mal de calmer le jeu se mit à faire de grands gestes désordonnés en direction de Rohan pour qu’il la boucle, mais c’était bien trop tard. « Quoi?! Dans mes souvenirs ils avaient l'air plus petit. »Tentant de rebondir comme il pouvait, le jeune Maxwell tenta du mieux qu’il pu de faire accepter à Daegan l’idée que l’irlandais allait certainement dormir sur le canapé. C’était de toute manière une cause perdue, aussi bourré qu’il le fut, Rohan le savait parfaitement bien. Se laissant mollement retomber sur le sol, allongé à même le parquet de chez Daegan et Ciaràn il ferma les yeux une seconde. Son cœur battait la chamade, alors qu’il pouvait sentir le sang battre à un rythme régulier à ses tempes. Profitant d’un tant soit peu de quiétude, le brun grommela dans sa barbe naissante des mots incompréhensible lorsqu’il senti Ciaràn essayer de le relever. Il voulait juste dormir une minute, une bonne grosse minute, mais ce n’était pas du tout de l’avis de son ami. Ou même de son ex. Accroché à l’épaule de Ciaràn, quelques mèches retombant sur son front alors que ses yeux mi-clos lui donnaient un air endormi, le brun fixait Daegan alors que cette dernière s’égosillait sur le fait qu’elle refusait de le voir dormir chez elle. Lorsque la brune posa ses yeux sur lui, à l’image de cette moue dubitative que Milo lui faisait souvent, l’irlandais pencha légèrement sa tête sur le côté en se demandant pourquoi elle le fixait soudainement. Le sort fut jeté sans que le saoulard ne puisse rien y faire et Rohan se retrouva immobiliser dans les airs sous le regard médusé de Ciaràn qui assistait véritablement à la troisième guerre mondiale. Ayant l’air d’un parfait idiot à flotter dans les airs la tête à l’envers, même s’il n’en donnait pas l’impression, Rohan s’amusait comme un petit fou. Il savait parfaitement bien que Daegan faisait ça pour le punir ou montrer sa désapprobation quant au fait qu’il allait dormir là cette nuit. Néanmoins, la seule information qui arrivait au cerveau embrumé par l’alcool de Rohan c’était le fait qu’il était en train de voler. Contemplant la scène d’un point de vue particulier, le brun n’essayait pas de se débattre contre le sort. S’il ne sentait pas le sang redescendre à son crâne il aurait même pu dormir dans cette position. Avis que ne partageait pas Ciaràn clairement en train de paniquer.

La situation s’envenimait de seconde en seconde, mettant Ciaràn de plus en plus mal à l’aise. Il sentait l’alcool qui filait dans ses veines sans qu’il ne puisse rien faire pour se débarrasser du brouillard qu’il causait dans son cerveau. Il allait avoir la gueule de bois, c’était certain.
Il leva les yeux au ciel lorsque l’irlandais commença à déblatérer sur la poitrine de son ex petite-amie. Il ne tenait décidément pas bien l’alcool. Ciaràn arrivait encore à aligner trois mots, même après plusieurs bouteilles mais apparemment l’esprit de Rohan se débridait complètement sous l’effet euphorisant de l’alcool fort. Bon à savoir. Il avait comme l’impression que le séjour de Rohan chez Daegan et lui allait être plutôt de courte durée. Son torchon encore dans la main, il comprit que Daegan devait le prendre pour un parfait idiot quand elle se nettoya d’un coup de baguette magique son chemisier taché et accessoirement transparent. Ha oui. Il était un sorcier lui aussi aux dernières nouvelles. Il n’avait pas beaucoup pratiqué ces derniers temps, plutôt occupé à noyer ses malheurs au fond de deux ou trois pintes dans le bar où il avait trouvé un boulot grâce à Cercei. Il était devenu une loque ambulante et un boulet de premier rang officiellement ce soir.
Il allait tenter de plaider sa cause auprès de sa colocataire lorsque celle-ci prit les choses en main. Suspendant l’irlandais bourré dans les airs, elle quitta la pièce avec une mise en garde et un ultimatum.
« Il restera ainsi jusqu'à ce que tu trouves une solution. »
Ciaràn, dans le salon, resta complètement indécis. Son cerveau fonctionnait au ralenti, refusant de prendre une décision d’aucune sorte. Il suivit Daegan, laissant Rohan en plan, suspendu par les pieds.

- Sérieux ? Tu vas le remettre dans la rue ?

Il se passa la main sur le visage comme pour évacuer les dernières traces d’alcool qui s’accrochaient encore à son visage. Les yeux rouges, la voix pâteuse, aucun doute qu’il venait de se prendre une cuite. La fatigue l’assaillait. Il n’avait qu’une envie, c’était de se ruer sur son lit et de dormir jusqu’à son service du lendemain. Où il arriverait très certainement la tête en vrac. Les clients devaient y être habitués maintenant.

- Me laisse pas le raccompagner chez lui, on est pas en état ni l’un ni l’autre … Tu vas avoir notre mort sur la conscience si tu fais ça !

Il était presque sûr qu’elle resterait sourde à ses suppliques mais au moins pourrait-il dire qu’il avait essayé. Il ne se voyait définitivement pas aller jusqu’à chez Rohan. Il ne se voyait pas ressortir tout court en fait tellement sa fatigue était grande soudain.

- Allez juste une toute petite nuit je te promets que tu le remarqueras même pas. Demain matin je le mets dehors à la première heure quand je vais bosser au bar.

Il lui fit un grand sourire enjôleur accompagné de petits yeux suppliants, tentant de lui faire prendre tout ça sur le ton de l’humour. Elle devait l’avoir mauvaise mais au point où il en était, il voulait juste rester ici. Il connaissait l’histoire douloureuse qu’elle avait eu avec Rohan et ne souhaitait pas qu’elle le revive une nouvelle fois mais il comptait mettre un point d’honneur à ce que cette nuit reste de l’ordre de l’exceptionnelle, de celle qu’on met dans un coin du placard pour les oublier ensuite. Il avait honte, grandement honte mais le mal était fait maintenant. Son euphorie était lentement retombé même s’il sentait toujours que le sol tanguait sous ses pieds. D’un pas mal assuré, il retourna dans le salon et sortit sa baguette. Il allait très certainement cramer l’appartement s’il tentait quelque chose. Elle était une auror réputé et il n’était qu’un serveur qui n’avait jamais été brillantissime à Poudlard. Les calculs se faisaient rapidement.

Imperturbable, Daegan patientait dans la cuisine avec un air distrait. A croire que Ciaràn et Rohan ne se tenaient pas dans la pièce à côté et qu'elle n'avait jamais entendu la remarque de ce dernier sur sa poitrine. Bien décidée à les laisser régler leurs histoires tous les deux, elle comptait se faire une tisane avant de s'enfermer dans sa chambre. Il était peut-être un peu immature d'agir ainsi mais la présence de Garrigan rendait les choses beaucoup plus compliquées. En sa présence, elle ne cessait de repenser à leur dernière entrevue et à la douleur qui lui vrillait le thorax. Au bout de cinq ans, elle avait été bête de croire qu'elle était passée à autre chose alors qu'elle souffrait toujours de son abandon. Cependant l'espoir et l'amour avaient été remplacés par de la haine et du dégoût et c'était pourquoi elle refusait que l'irlandais dorme ici. C'était chez elle et le fait qu'il posa son empreinte dessus la révulsait. Occupée par ce qu'elle faisait, elle posa un regard surpris sur son colocataire qui s'était rapproché silencieusement d'elle. « Sérieux ? Tu vas le remettre dans la rue ? » Le silence de Daegan fut la simple réponse qu'elle lui donna. Elle n'était pas vraiment fière de son attitude mais elle se laissait dominer par ses émotions à cet instant. Il était absolument hors de question qu'il reste une minute de plus ici. Ciaràn n'y changerait rien. Réfléchissant néanmoins à une alternative afin d'avoir la conscience tranquille, l'attitude de son colocataire la fit lever les yeux au ciel. « Me laisse pas le raccompagner chez lui, on est pas en état ni l’un ni l’autre … Tu vas avoir notre mort sur la conscience si tu fais ça ! » Il avait tout à fait raison mais Daegan ne laisserait pas les choses se passer tel qu'il l'entendait. Elle savait déjà qu'elle aura une discussion sérieuse avec lui quand il aura décuver. Pensant déjà à ce qui allait se passer le lendemain matin, la jeune femme croisa les bras sur sa poitrine. Plongeant son regard agacé dans celui de Ciaràn qui se voulait sûrement suppliant, la brune n'était toujours pas convaincue. « Allez juste une toute petite nuit je te promets que tu le remarqueras même pas. Demain matin je le mets dehors à la première heure quand je vais bosser au bar. » Affairée autour de la cuisinière, elle ignora Ciaràn qui retourna d'un pas mal assuré au salon. Attrapant une tasse, ce n'est qu'une fois sa tisane prête qu'elle posa les yeux sur les deux sorciers. Haussant les sourcils en voyant son colocataire sortir sa baguette, elle s'approcha immédiatement. « Range ta baguette tout de suite. Tu n'es pas en état de jeter un sort. » murmura-t-elle d'un ton désespéré. Elle en avait assez de jouer le rôle de la mère auprès de ce dernier et de Rohan. En acceptant d'accueillir le sorcier ici, elle avait espéré lui donner un nouveau départ. Elle trouvait cela dommage qu'il ne se contente que de son poste au bar. Il avait tant de potentiel .. Portant sa tisane à ses lèvres, elle observa Garrigan flotter dans les airs et s'amuser comme un enfant. Plissant les yeux, une idée brillante lui traversa l'esprit. « Tu peux le laisser dormir dans l'appartement d'à côté. La voisine nous a laissé une clef en son absence. J'espère juste qu'il ne fera pas de dégâts. » murmura-t-elle tout en sortant sa baguette de sa main libre. L'agitant en direction de l'irlandais, elle le vit retomber durement au sol tout en souriant. Commençant à s'éloigner vers sa chambre, elle attendit néanmoins d'entendre l'avis de Ciaràan sur son idée.

Rohan avait beau voir Ciaràn tenter de ramasser les pots cassés et arranger la situation, il ne pouvait s’empêcher de dire tout ce qui lui passait dans la tête. Et encore, si son ami ne lui avait pas fait les gros yeux l’air complètement blasé par ses conneries. L’irlandais n’y pouvait rien, il lui suffisait de quelques verres pour perdre la tête. La preuve encore ce soir, il avait réussi à trainer sa carcasse jusqu’à chez son ex et se retrouvait comme un con à espérer que le jeune Maxwell puisse lui obtenir le logis pour la nuit. La tête en bas, le sang qui remontait à son cerveau brouillant encore plus ses idées, le jeune homme se laissait mollement pendre dans les airs comme un cadavre qu’on aurait accroché là. De toute manière ça n’était pas comme si quoiqu’il puisse dire allait le sortir de cette situation. Il se rappelait, malgré l’alcool troublant tout autour de lui, que Daegan lui avait retournée une droite la dernière fois qu’il avait eu le malheur de venir la voir. C’était d’ailleurs étonnant qu’elle ne se soit pas plus acharnée que ça sur lui au vu du ressentiment qu’elle pouvait avoir. Suivant la scène en train de se dérouler entre les deux sorciers, le bras commença à balancer doucement ses bras, s’amusant du mouvement de va et vient que son corps commençait à faire. Un sourire béat aux lèvres, le brun n’était soudainement plus aussi fatigué que précédemment. Il voyait la sorcière avec son air soucieuse alors que Ciaràn semblait dépasser par les événements sa tendue vers lui un air légèrement désespérer.  Fixant les deux sorciers, qui selon son angle de vue était à l’envers, au bout d’un moment il ne pu s’empêcher de leur faire un coucou amicale s’amusant de les voir marcher ce qui aurait pu être le plafond pour lui. C’est alors que Daegan agita vivement sa baguette et qu’il retrouva durement le contact du sol. Grognant, il passa une main dans ses cheveux avant d’essayer péniblement de se remettre sur ses pieds. Un sourire aussi niais et irritable aux lèvres que précédemment, le brun ne pu s’empêcher de dire : « C’était cool. » La seule chose dont Rohan se rendait compte c’était que Ciaràn n’était plus assez saoule et que Daegan aurait bien pu profiter d’un verre pour se détendre. Titubant plus que ce qu’il ne marchait vers son ami, il passa un bras autour du cou de ce dernier avant de poser sa main sur sa joue en le regardant droit dans les yeux. Le fixant dans un premier temps, il tapota finalement sa joue en lui disant : « T’as besoin d’un verre Ciaràn, montres moi l’alcool et je te montrerais un cocktail que t’as jamais vu dans toute ta vie de barman. » Le Garrigan hocha lentement la tête comme pour silencieusement dire à son ami qu’il avait pas choix et que ce n’est pas parce qu’ils étaient rentrés pour se reposer qu’ils ne pouvaient pas repartir pour une autre volée d’alcool. Embrassant son ami sur la joue avant de rigoler, l’irlandais complètement à côté de ses pompes ne pu s’empêcher de dire : « T’es mignon quand tu sais pas quoi faire, on dirait une licorne stupéfiée ! » Fier de sa remarque, le brun se tourna vers Daegan ses deux mains sur le visage de Ciaràn à croire qu’il attendait une confirmation de ses propos. « Dis la licorne, tu crois que j’ai de grande chance de survie si j’admets que mon ex me plait toujours ? Elle te plait pas un peu ta coloc ? » Plongeant à nouveaux ses yeux dans ceux de son ami, Rohan continuait à sourire bien que son regard voulait dire tout autre chose. Il était dur de savoir néanmoins, si le regard du brun voulait dire quelque chose plus proche d’un je vais t’embrasser ou je vais te tuer si tu dis oui.

Ciaràn se sentait absolument imbécile en cet instant précis. Les vapeurs d’alcool commençaient à s’estomper de son cerveau et il sentait la migraine d’une gueule de bois carabinée qui l’assaillait, lentement mais sûrement. Tous les mauvais côtés d’une bonne cuite. Il ne se sentait absolument pas d’attaque à pratiquer aucune forme de magie et espérait un tant soit peu au fond de lui un miracle. Il allait réussir à cramer vivant son ami, c’est tout ce qu’il allait réussir. Et détruire l’appartement aussi. Ciaràn ou comment transformer une soirée banale en un désastre total. Il était encore un peu euphorique sur les bords, le dernier fond de bouteille de vodka ne s’étant pas totalement dissipé mais il y voyait plus clair et il se sentait affreusement coupable. Quel boulet.
Daegan le sauve d’une humiliation de plus en faisant brutalement retomber Rohan sur le sol. La chute fait d’ailleurs glousser le gryffondor qui ne voit qu’une chose : son ami qui s’éclate par terre, encore soûl comme il faut. Ce qu’il ne voit pas venir par contre, c’est ce qui vient après. Autant l’idée de Daegan est excellente et Ciaràn s’apprête à la prendre au mot, autant Rohan complètement bourré commence à se comporter de manière on ne peut plus étrange. Il l’agrippe soudain par le coup, propose un autre cocktail et l’embrasse sur la joue. Ciaràn savait que l’irlandais ne tenait pas forcément bien l’alcool mais là c’est une première. Il reste interdit devant cette démonstration d’affection inattendue et se contente d’en rire :

« Mon pote, l’alcool te réussit pas, c’est pas moi que tu devrais embrasser ce soir … »

Ciaràn ne peut cacher son parti pris quand à l’histoire entre Daegan et Rohan. A ses yeux, Daegan a toutes ses raisons d’en vouloir à l’ancien serpentard mais il pense aussi qu’ils devraient se donner une seconde chance. Après tout, il paraît que l’amour, si on peut l’occulter, ne disparaît jamais complètement. Ensuite, Garrigan attrape le visage de Ciaràn et lui souffle son haleine d’alcoolique au visage. Rien que Ciaràn n’ait pu sentir auparavant mais enfin … Avec la gueule de bois qui se prépare dans son cerveau, tout ça n’annonce rien de bon. La question qu’il lui pose, droit dans les yeux, les deux mains de chaque côté de sa tête, achève de rendre le pilier de bar nauséeux. Le regard insistant de son ami achève de le ruiner. Il rit une nouvelle fois, un rire nerveux et incompréhensible. Un peu plus et Rohan lui roule un patin, là, devant Daegan. Pas de complexe après tout, ils pourront mettre ça sur le compte de l’alcool. Et prétendre ne pas s’en rappeler le lendemain.

« Daegan est très mignonne mais ce soir je pense que tu devrais t’abstenir d’ouvrir la bouche encore une fois sinon on va finir en chair à pâté. Je suis sûr qu’on serait bien moins beaux gosses comme ça. »

Ciaràn attrape lui aussi la tête de Rohan entre ses mains et appuie son front sur le sien. Il le regarde droit dans les yeux et lui assène, comme une litanie :

« Maintenant toi et moi on va aller dans l’appartement d’à côté et cuver tranquillement. »

Il se tourne vers Daegan pour guetter un regard d’assentiment et tente tant bien que mal de pousser Rohan vers la sortie. Intérieurement, il espère que la voisine en question cache une ou deux bouteilles quelque part. Il ressent un besoin fou de repartir encore un peu dans le pays des alcooliques.